Chez KLON, tout est affaire de collectif. De vie partagée, d’énergie fusionnelle, de création instinctive. Ce n’est pas seulement un groupe, mais une maison, un laboratoire sonore et humain : la "KLON House". C’est dans cet espace où l’amitié se confond avec la musique qu’est né "Klonbuster", un premier album long format qui condense l’esprit du lieu, brut, libre et terriblement vivant.

On sent dès les premières notes ce besoin viscéral de faire corps avec le son. Plus nerveux et rageur que "Nouveau Genre", le précédent EP, l’album traduit une envie d’explosion, de lâcher-prise, sans pour autant perdre cette chaleur artisanale qui faisait le charme de leurs débuts. Là où beaucoup auraient cédé à la froideur électronique, KLON choisit la sueur, les imperfections, la pulsation humaine. Les machines, ici, respirent autant que les voix.

Musicalement, "Klonbuster" traverse les genres sans s’y enfermer : un terrain de jeu où se croisent la pop, le punk rock, la dance et la French Touch. On y perçoit des échos de Gorillaz, The Clash ou de la scène électro parisienne des années 2000, mais le résultat sonne résolument personnel. Des titres comme 'Disco' transforment la noirceur du confinement en fête libératrice, tandis que 'Radical Love' révèle une tendresse désarmante, presque fragile, au milieu du tumulte. Ce contraste constant entre puissance et douceur donne au disque une tension émotionnelle qui en fait tout le sel.

Le passage de sept à quatre membres semble avoir resserré la cohésion et affûté la direction artistique. Les voix s’y répondent, les idées s’entrechoquent, et l’ensemble gagne en clarté. '7Vie' en témoigne : un manifeste d’amitié et de résistance collective, porté par un refrain fédérateur. 'Skywalker', quant à lui, s’élève vers une dimension plus introspective, une rêverie en apesanteur où le collectif semble chercher à se dépasser, quitte à y laisser quelques illusions.

Ce qui frappe surtout, c’est l’équilibre que KLON parvient à trouver entre la fête et la fragilité. Derrière l’énergie brute, il y a des failles, des doutes, des émotions sincères que le groupe transforme en force commune. Cette sincérité partagée irrigue tout l’album et donne à "Klonbuster" son authenticité. Rien ne sonne calculé : chaque titre respire l’urgence de vivre, de créer, de rester libre.

Sans réinventer le genre, KLON signe un disque dense et instinctif, à la fois moderne et viscéralement humain. "Klonbuster" sonne comme une déclaration d’indépendance : celle d’une génération qui refuse les cases et préfère danser sur ses contradictions. Un premier album imparfait mais habité, à l’image de la maison qui l’a vu naître.