Nous ne savons pas grand-chose au sujet de Badlands (qu’il ne faut évidemment pas confondre avec son lointain et défunt homonyme américain). Ni photos ni crédits, seulement une origine géographique (la ville de Nantes), qui ne renseigne en rien sur sa composition.

Une chose est néanmoins certaine, Badlands voue une passion pour les eigthies. ‘80’s Vibes’ qui lance l’écoute de "Quantum Memories" sonne ainsi comme une déclaration, mieux, comme une profession de foi. Son visuel aux teintes bleutées, qui respecte la charte graphique de toute cette retrowave actuellement à la mode, confirme cet ancrage nostalgique biberonné aux bandes originales de films et aux sonorités synthétiques. La scène française n’est d’ailleurs -et curieusement- pas en reste dans ce "Retour vers le futur" musical, portée par le succès de Pertubrator et consorts. 

Badlands cite toutefois d’autres influences telles que Steven Wilson, Daft Punk, Nosound ou Midnight Roosevelt. Si on cherche encore en vain certaines d’entre elles, au moins ces références annoncent-elles une accroche extrêmement mélodique sinon délicate et intimiste entre sucrerie pop, pulsation electro et atmosphère progressive, le tout nimbé d’effluves nu disco. Loin du turbo synth et finalement très metal d’un Carpenter Brut par exemple, Badlands privilégie de fait une expression moins sombre, plus douce également. Ce qui ne l’exonère pas d’une belle énergie, mais celle-ci se veut puissamment positive et non pas orageuse.

Précédé de trois albums ("Dream Of No Return", "Cruise Control" et "Beyond Love") et préparé par plusieurs singles (‘Heartwave ‘84’...), "Quantum Memories" répand pendant 60 minutes ses vagues enveloppantes, souvent instrumentales et comme échappées d’une B.O. des années 1980 entre action (‘Police Chase’) et coucher de soleil (‘Pacific Drive’), parfois hypnotiques (‘Drive’). Au milieu de ce ressac électronique, un chant féminin du plus bel effet, qui rappelle un peu la séduction disco des travaux de Giorgo Moroder ("Flashdance"), ou masculin mais plus rarement, vient farder d’une grâce langoureuse certains titres parmi les plus envoûtants, à l’image de ‘Just For A Moment’ ou de ‘Velvet Skyline’, irrésistibles douceurs aux résonnances en définitive très modernes (‘Echoes Of Space’).

S’il pèche quelque peu par excès (il aurait sans doute mérité d’être plus concis), "Quantun Memories" n’est cependant en rien poussiéreux, opus au contraire tout en emphase lumineuse et stimulante. Illustrateur d’une synthwave racée et sensible, Badlands mérite la découverte.