Après une année 2024 mouvementée, marquée par l'annulation retentissante de 31 dates de leur dernière tournée, et face à la réalité qu'on ne peut éternellement capitaliser sur le seul succès de "El Camino" et de son emblématique 'Lonely Boy' (qui fête déjà ses quatorze ans), The Black Keys dévoile son treizième album, le premier sous l'égide de Warner.
Dès les premières notes du titre éponyme, le ton est donné : le duo affiche une nostalgie assumée et une volonté claire de renouer avec les succès qui leur permettaient de remplir les stades. Le titre d'ouverture, avec sa mélodie accrocheuse, sa structure pop dynamique et ses guitares simples et efficaces, est un produit taillé pour les diffuseurs radio. Cette approche se confirme sur les premiers morceaux, à l'image du percutant 'The Night Before', dont le refrain est plaisant et accrocheur.
Cependant, l'album atteint rapidement une vitesse de croisière agréable mais moins surprenante. Des titres comme 'Babygirl', un peu plus poussif malgré ses notes de piano entraînantes, ou le très anecdotique 'Down To Nothing' et 'On Repeat', signalent un ventre mou dans l'opus. La production fait même appel à l'Autotune sur certains passages, comme 'Babygirl' ou 'Man On Mission', un choix qui pourra surprendre les fans de la première heure. L'ensemble de l'album s'inscrit dans un format très court et efficace.
Exit les expérimentations, le blues dur ou les longues plages instrumentales. Le blues originel du groupe, que l'on retrouve encore sur la rythmique de 'All My Life', est désormais largement dilué dans un rock folk direct, aux influences 1970's ('Make You Mine'). Chaque morceau semble prêt à être proposé aux diffuseurs, et ce n'est pas l'efficace 'A Little Too High' qui nous fera penser le contraire, comme un gage donné à la Warner pour assurer la viabilité et le succès des prochaines tournées. L'album se conclut par une ballade, le titre le plus long de l'opus (culminant à 4:25 petites minutes), dont la mélancolie des paroles et des mélodies prépare l'auditeur à des séparations imminentes.
Finalement, 36 minutes et puis s'en va, The Black Keys propose un disque agréable et bien ficelé quoique convenu. Si les puristes de leur blues rock risquent d'être déçus par ce formatage radio, les autres y trouveront assurément leur compte, entre rock et folk accessible. Un retour calibré pour le succès.