Edité il y a 2 ans, Mike Visaggio sort avec « Starship Universe » son unique album solo à ce jour. Il le décrit lui-même comme étant un condensé de rock assez classique, très progressif, un brin jazzy, le tout enroulé dans des textes chrétiens. Même si l’ensemble peut paraître très alléchant, ce « Starship Universe » est plutôt décevant.
Très vite, l’oreille attentive remarquera l’absence de guitare sur l’album. Une absence qui se fera de plus en plus persistante au fur et à mesure que l’album progressera. L’intro de « In the Nazarene church » (quand je vous parlais de paroles chrétiennes, nous sommes en plein dedans) fait un peu penser aux quelques notes de clavier des jeux vidéos des années ’90 comme « Tetris »… Original, mais assez vite lassant. Instrument de prédilection de MV? Le moog. On ne peut pas le rater (pour vous convaincre, écoutez « On the ship of Emotion »). Cette touche rétro apportera néanmoins un côté plaisant à l’écoute de cet album.
Le côté très progressif décrit dans l’introduction étant bien installé, il manquait le rock classique et le coté jazzy. Pour le classique, le « Prelude 2 for piano » à la Rick Wakeman suffira pour vous convaincre du talent de ce claviériste.
Parmi ces morceaux à moitié réussis se trouvent les ovnis comme « Blues variation » et « 2001 also rocked Zarathustra ». Le premier en question apparaît comme la lumière au bout du tunnel. Assez surprenant, rondement mené, un côté jazzy envoûtant, tous les ingrédients sont réunis pour plaire. Le travail d’un chroniqueur ne s’arrêtant pas à la simple écoute d’un album, il est important de signaler que ce morceau, « Blues variation » n’est pas de Mike Visaggio mais bien du trio « Emerson, Lake and Palmer » sur leur troisième album de 1972, intitulé « Pictures at an exhibition ». Dommage, le talent de compositeur ne ressort donc pas grâce à ce morceau, mais l’interprétation reste originale et convaincante.
Le deuxième ovni, « 2001 also rocked Zarathustra » rappellera également de vieux souvenirs aux fans du 7ème art. En effet, clin d’œil évident au film de Stanley Kubrick et à la bande son de Richard Strauss, « 2001 also rocked Zarathustra » est une version au moog-jazzy de l’odyssée de l’espace. Encore une fois, saluons le talent d’interprétation de MV. Si l’album entier avait été de cette facture, un 7 voire un 8 se serait imposé comme une évidence. Hélas, il y a des morceaux qui ne plaident pas en la faveur de l’américain.
En effet, lorsqu’il se remet à composer, MV ne fait pas que du bon… Le morceau éponyme est là pour le prouver. Fermez les yeux, imaginez-vous dans une Eglise de la banlieue du New Jersey et écoutez. Après les deux perles d’interprétation, votre doigt glissera très vite sur la touche « accélérer » de votre lecteur CD.
Même si « The synchronized life » est intéressant au point de vue des claviers, ce sont toujours les mêmes sons qui se répètent et ça lasse. Ca lasse d’autant plus vite que le manque de guitare se fait cruellement ressentir. Enfin, dans un style plus A.O.R, « Music’s coming to us » reste dans ce que nous pouvons désormais appeler le style « Visaggio » : des claviers années ’60 (début ’70), des rythmes jazzy déjà entendus et une voix assez neutre.
Au final, les deux excellents morceaux du milieu d’album ne valent malheureusement pas à eux seuls l’achat de cet album. Cependant, si Mike Visaggio envisage de refaire un album solo avec uniquement des reprises de standards de la musique et du cinéma, c’est avec plaisir que MW le chroniquera pour vous.