WUCAN: Axioms (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Après un "Heretic Tongues" grâce auquel Wucan a incontestablement franchi une étape, prétendre que "Axioms" était attendu avec une impatience non feinte tient du doux euphémisme. Mais avec une légère inquiétude également, car faire mieux ou au moins aussi bien que ce troisième album, véritable mètre-étalon du stoner rock vintage, dur et boisé, sanglé de chant féminin, était loin d’être gagné d’avance.

Les premiers extraits proposés, certes aussi plaisants qu’efficaces et dans le plus pur style des Teutons semblaient d’ailleurs (faussement) confirmer ces craintes relatives, impression renforcée par la défloration de l’intégralité du menu qui, sans être totalement décevante, n’en laisse pas moins un goût de trop peu. Amorce dans la nerveuse lignée de 'Father Storm' ("Sow The Wind") ou de 'Kill The King' ("Heretic Tongues") et au demeurant efficace, 'Spectres Of Fear' n’est pas aussi réussi que ceux-ci malgré son énergie mordante combinée à une vibe seventies juteuse et la flûte de la chanteuse Francis. Par ailleurs, le groupe a cette fois-ci décidé de faire l’économie de la (très) longue pièce qui achevait ses précédents disques, même si le terminal 'Fountain Of Youth' (sur lequel nous reviendrons) dépasse néanmoins la barre des sept minutes.

En insistant et en multipliant les va-et-vient, on se rend peu à peu compte néanmoins que Wucan, sans se départir de son identité, chaleureuse et acérée, a préféré évoluer plutôt que d’accoucher du simple "Heretic Tongues II" attendu. En vérité, comme tout grand disque (ce qu’il est), "Axioms" ne dévoile sa richesse, immense, que par petites touches. C’est d’abord 'KTNSAX', aussi curieux qu’obsédant, et qui n’aurait d’ailleurs pas dépareillé sur l’opus précédent, accroche durablement la mémoire.

Les autres titres font ensuite leur trou eux aussi, entre un 'Irons In The Fire' qui fonce pied au plancher mais grondant toujours sous les coups de boutoir d’une rythmique toute en rondeur, ou ce 'Holz Auf Holz' auquel le chant en allemand confère une certaine âpreté toutefois atténuée par la flûte virevoltante et forestière de la prêtresse Francis, fidèle à elle-même, tigresse féroce et charmeuse. Aux côtés de ces saillies remuantes se glissent des compos plus étonnantes, toutes en atmosphères moelleuses à l’instar de ce 'Wicked, Sick And Twisted' qui accouple volutes psyché, envolée Gospel et sève bucolique pour un résultat envoûtant.

La dernière partie de l’écoute privilégie une approche évolutive, de 'Pipe Dreams' qui réussit à être dur et sinueux dans un format serré que réhausse une performance vocale du feu de dieu, au douillet "Axioms", respiration délicate à laquelle la flûte enchanteresse (encore) confère une évidente couleur progressive, soutenue par une guitare inventive et un duo basse/batterie gourmand. Et il y a bien sûr ce 'Fountain Of Youth' orgasmique, ciselé comme une pièce d’orfèvre qui, passé une entame acoustique du plus bel effet, chemine ensuite entre force et séduction. Les musiciens y apparaissent à l’unisson – et au diapason – d’une inspiration touffue gorgée d’un feeling seventies.

Avec intelligence, "Axioms" reprend les choses où les a laissées "Heretic Tongues" tout en continuant à façonner le style du groupe. Loin d’être la déception tout d’abord redoutée, il révèle un Wucan maître de son art et décidément l’un des plus jouissifs de sa génération.

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