En 1995, Michel St-Père, âme fondatrice de Mystery décide de fonder son propre label, Unicorn Records, afin d'offrir une distribution correcte au 2ème album de son groupe. On sait aujourd'hui ce qu'il est advenu de cette aventure, le label canadien, devenu depuis Unicorn Digital, étant aujourd'hui l'un des plus reconnus du genre sur la planète progressive. Pourtant, force est de reconnaître que la musique du groupe à l'origine de l'aventure se situe désormais bien loin de la majeure partie des groupes signés chez Unicorn. En effet, au cours de ses trois premiers albums studio, Mystery proposait une musique d'obédience néo-progressive fortement teintée d'influences marillionesques. Initialement prévu pour 1999, et retardé pour cause de changement de chanteur et développement du label Unicorn, "Beneath The Veil Of Winter's Face" voit enfin le jour en 2007, et il ne fait aucun doute que le groupe a su profiter de cette quasi décennie pour faire évoluer sa musique avec l'air du temps.
Le son tout d'abord, a pris énormément de volume par rapport à "Destiny?" : les guitares sont tranchantes, lorgnant régulièrement vers des sonorités métalliques, rapprochant ainsi le groupe de la dernière production des Rocket Scientists, l'exubérance des claviers en moins, même si ceux-ci peuvent se révéler parfois furieux ("Travel To The Night"). Et puis, l'arrivée de Benoit David a incontestablement boosté la musique des Canadiens : avec une voix s'apparentant à un croisement improbable entre Jon Anderson (pour le timbre) et Klaus Meine (pour le côté hardos), ce nouveau chanteur insuffle une nouvelle coloration à la musique du groupe, lui donnant une ampleur sans commune mesure avec les productions antérieures.
Alors bien sûr, même si l'on ne peut pas qualifier la musique de Mystery de simpliste, inutile de chercher ici trop de développements complexes dans la construction des différents titres (pour cela, se mettre entre les oreilles les autres productions du label !). En revanche, l'amateur de mélodies solides et enchanteresses sur fond de musique symphonique trouvera incontestablement chaussure à son pied. Ainsi, dès les premières mesures de "As I Am", le ton est donné : une section rythmique bien en place plantant quelques syncopes dans sa partition, des claviers majoritairement typés néo avec un gros son, et une guitare qui délivre des soli lumineux à bon escient. Benoit David vient poser sa voix aux accents angéliques sur tout cela, et voilà qu'après 5'30, les doigts se rapprochent furieusement de la touche replay du lecteur de CD. Et titre après titre, la magie recommence, pour culminer avec le superbe "Awakening", sorte de méga-slow symphonique étiré sur 11 minutes et qui terminera d'émerveiller les oreilles du lecteur de cette chronique devenu auditeur avant la dernière ligne.
Alors me direz-vous … "mais, mon (St-)Père, ce ne sont que quelques morceaux de néo" ?
- "Oui mon fils, du néo, mais de grande qualité".