Dans la catégorie du meilleur album où l’on trouve tellement d’intervenants qu’on ne sait plus qui fait quoi, la palme est décernée au premier album solo de John Macaluso… En effet, bien qu’étant intervenu sur des dizaines et des dizaines d’albums ayant marqué l’histoire du métal (notamment avec Yngwie Malmsteen et ARK) et ayant laissé de nombreuses séquelles chez les batteurs désireux de reproduire ses martèlement de fûts, « The radio waves goodbye » est le premier effort solitaire de Macaluso… Enfin, solitaire, pas tellement… Bien au contraire !
Parmi les intervenants, prenons au hasard : au chant, James Labrie (Dream Theater), Mike Dimeo (Masterplan), Adrian Holtz (ARK). A la guitare, Marco Sfogli (la dernière recrue de James Labrie pour son album « Elements of Persuasion »), Alex Masi, Chris Caffrey (Savatage). A la basse, Randy Coven (Malmsteen), Fabrizio Grossi (Vai). Aux claviers, Vitalij Kuprij (Artension), Di Muti… Tout ces noms ne vous diront pas forcément quelque chose, sachez cependant qu’à la batterie, on ne retrouve que mister Macaluso. En même temps, il est facile d’imaginer qu’un batteur aussi réputé, ayant collaboré sur tant de projets musicaux, bénéficie d’un réseau surdimensionné lui ouvrant la porte à moult options de collaborations… Ce serait dommage de s’en passer !
Alors, peut-on dire que c’est toujours un album solo ? En tout cas, c’est sûrement une bonne manière de capitaliser sur son propre nom tout en rabattant l’intérêt de l’ensemble des « fanbases » de chacun des intervenants. On pourrait effectivement y déceler ce type de manœuvre si le résultat musical n’était pas là pour corriger ce ressentiment et nous montrer que cette galette recèle un grand nombre de qualités artistiques et une certaine forme d’unité créatrice (en ce qui concerne les titres chantés : notamment au travers de lignes vocales assez proches sur différents titres) : malgré une certaine diversité des styles et des influences retranscrites, on retrouve en effet un fil conducteur au niveau des ambiances musicales, non sans rappeler celles d’ARK.
Dès la première écoute, on est en terrain connu : c’est du bon métal prog et la production est très bonne. « Soul in your mind » ouvre le bal avec un James Labrie très en forme, appuyé par les riffs assassins de son six-cordiste italien préféré. Macaluso s’en donne à cœur joie et place la barre très haut en ce qui concerne le jeu de batterie. C’est un titre qui rappellera beaucoup le dernier effort solo de James Labrie et également l’univers musical d’ARK.
Sur l’ensemble de l’album, on trouve une majorité de titres qui feront inévitablement penser à ARK tant l’affiliation est prégnante (mélodies parfois oppressantes, ambiances rendues pesantes par l’utilisation fine des claviers) et le chant de Holtz caractéristique : « Mother Illusion », « The Prayer Pill », « Dissolved », « Gates to Bridge », « Shimmering Grey » sont autant de titres de cet acabit qui ne dépayseront pas les amateurs de ce groupe. En dépit des structures rythmiques très recherchées et du jeu de batterie relativement chargé, les thèmes vocaux sont très fluides et accrocheurs.
D’autres pièces sont instrumentales : « T-34 » démarre avec une partie de piano et guitare en duo, tel certains passages de la « Fire Garden Suite » de Steve Vai – Magnifique ! « Pretzel » propose quant à lui un solo de batterie du maître : la partie résolument la plus solo de l’album (c’est là que l’on comprend que c’est tout de même un album de batteur : on pourra cependant trouver que ce morceau casse un peu le rythme de l’album). Vive les roulements et les blasts de double pédale ! « Away with Words » tente, à sa manière, une incursion bluesy très mélodique où la guitare d’Alex Rastopskin arbore un feeling assez incroyable…
On remarquera le caractère totalement atypique de « The Six Foot Under Happy Man » : une digression jazzy expérimentale avec des vocaux dignes des comédies musicales américaines des années 60 : très intéressant !
Au final, Macaluso signe ici un très bon album, joué avec beaucoup de technicité et de mélodicité, qui ravira l’amateur de métal. La multiplicité des intervenants ne gâche donc pas l’émergence d’une réelle empreinte musicale révélant la signature de Macaluso tout en rappelant fortement ARK (je l’ai déjà dit, non ?). A écouter absolument !