P:O:B est l'abréviation de Pedestrians of Blue. Groupe norvégien déjà auteur d'une démo et d'un CD EP (dont les trois morceaux se retrouvent sur ce nouvel album), P.O.B se caractérise par un mélange d'influences inhabituel. Ses membres citent comme références aussi bien Queensrÿche et Dream Theater que Black Sabbath et Toto !
De fait, "Crossing over" propose 12 morceaux de durée classique (entre 3 et 5 minutes, sauf le dernier qui dépasse les 8 minutes) mais qui alternent ambiances progressives, hard rock ou tout simplement AOR, le tout mis en valeur par une production claire et bien équilibrée. La voix du chanteur et claviériste Johannes Stole change en fonction des styles abordés, mais se situe plutôt dans un registre aigu et un peu nasillard, pas si éloigné que ça de celui d'Andreas Novak de Mind's Eye, ou même de celle d'Herman Saming (en plus grave quand même).
Mind's Eye me vient à l'esprit également car le groupe s'est semble-t-il séparé de son batteur (qui joue quand même sur trois titres) et c'est le décidément omniprésent Daniel Flores qui le remplace sur cet enregistrement et qui a également mixé l'album. Le son peut aussi y faire penser sur quelques morceaux à mi-chemin entre rock AOR et heavy metal mélodique plus ou moins sophistiqué, avec effectivement quelques échos de Queensrÿche (vers "Empire" ou même "Tribe"), ou encore l'album solo de Geoff Tate. Comme ce dernier, P:O:B a eu l'idée d'intégrer sur plusieurs chansons des boucles rythmiques électroniques à ses arrangements, qui laissent aussi une large place aux claviers, lesquels alternent sonorités modernes et plus traditionnelles, avec plusieurs solos d'orgue Hammond ou de synthés, de nombreuses orchestrations de cordes, du piano, etc. La courte ballade "how much more than a dream" est d'ailleurs arrangée essentiellement pour piano et synthé.
On note aussi l'utilisation d'un violoncelle sur deux morceaux, notamment le plutôt original "father to son" qui ouvre l'album avec sa surprenante introduction paisible jouée sur un orgue d'église suivie d’un riff menaçant effectivement inspiré par Black Sabbath, ce qui n'empêche pas des cassures plus calmes et orchestrales ! Ceci dit, Black Sabbath restera une influence discrète.
Les guitares sont tour à tour typées metal ou plus légères. P:O:B n'affiche pas une virtuosité débridée mais ces musiciens se défendent bien. Le groupe semble plus à l'aise pour créer des mélodies peaufinées et des ambiances (comme sur l'instrumental "The line"). Le virtuose Daniel Palmqvist, auteur l'année dernière d'un très bon album instrumental (A landscape made of dreams), est invité pour des parties de guitare classique et un solo électrique sur le magnifique "Out of the rain" (8:24), dont la première partie mélancolique et symphonique est rompue par une section rapide et heavy, avant de mélanger les aspects hard et progressif symphonique dans le dernier tiers. Décidément, l'ombre du groupe de Daniel Flores, Mind's Eye, n'est pas loin - et c'est un compliment.
P:O:B signe donc là un premier album prometteur, qui pourra éventuellement déconcerter certains auditeurs à cause de la diversité des styles abordés… Peut-être pas assez heavy pour les métalleux, pas assez progressif pour les proggeux…Il est vrai que le groupe aurait tout à gagner à développer ce dernier aspect de sa musique, car les compositions de cette veine sont particulièrement réussies. En attendant de voir comment la formation va évoluer, si vous avez l'esprit ouvert et appréciez cette diversité de genres sur un album, de même que la voix de Johannes Stole, vous serez probablement conquis par ce "Crossing over".