Après les trois premiers épisodes de ce concept, Ian Perry nous reviens avec le quatrième chapitre de son Projet Consortium. Le seul rescapé du line-up précédent est le clavier d’Elegy ( groupe de Ian Perry) Joshua Dutrieux et on retrouve en outre l’ex-batteur de Within Temptation, Henk Van Den Laars, aux fûts. Les quatre membres du groupe se sont partagés la composition des titres en gardant l’esprit métal mélodique teinté de progressif des trois précédents chapitres.
Consortium Project poursuit l’histoire assez élaborée commencée en 1999, digne d’un bon scénario de film de science-fiction. A cause de sa désinvolture vis à vis de la nature ( humaine, animale et végétale), l’humanité se voit obligée de se reconstruire, faisant fi du passé, grâce à l’action des femmes, dans un monde nouveau inclus dans une biosphère. Les découvertes d’un savant pour retrouver les traces du passé va permettre de relier ce nouveau monde et l’ancien.
La présence de chœurs féminins et d’une conteuse renforce le côté cinématographique de l’œuvre. On ne peut s’empêcher de penser au « Dune » de David Lynch dans certaines introduction contées par Kyrah Dutrieux. Le visuel du Cd vient appuyer cette impression. Mais si le concept du disque est assez original, qu’en est-il de la musique l’accompagnant ?
Pendant onze titres, CP décline une musique directe et puissante. Le parti pris est la concision avec des morceaux assez courts. En effet, la majorité des titres tourne autour de quatre minutes et le plus long (« Enigma ») ne dure que 4.52. Mais parmi certains d'entre eux, si vous enlevez l’introduction contée de plus d’une minute, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent. On saluera cette propension à la brièveté car trop de groupes évoluant dans ce genre ( le métal mélodique teinté de progressif) font traîner leur morceaux en longueur, au détriment de la musique, mais dans le même temps on regrettera la brutalité de certaines fins de chansons comme sur « Enigma » ou « Mastermind ». On a l’impression d’avoir a faire à un cd promotionnel amputé de quelques minutes de musique et c’est pour le moins frustrant. Malheureusement cet inassouvissement va porter préjudice à l’écoute.
Malgré tout, la musique est de qualité, le timbre de Ian Perry est bien identifiable - même s’il ne chante que dans un seul registre - et colle toujours parfaitement à la musique. Le travail mélodique des chœurs est une vraie réussite et ceux-ci apportent un vrai plus aux refrains (« Exodus », « Enigma » ou « Children of Tomorrow »).
D’une manière générale, ce disque n’invente rien et ne propose pas grand chose de plus que ses prédécesseurs, mais la qualité des compositions lui procure un réel intérêt. Le côté progressif de l’étiquette ne tient quasiment plus que grâce à l’idée conceptuelle du disque, et c’est du métal mélodique dont il s’agit vraiment. On passe de différentes ambiances ; futuristes avec « Enigma » à arabisantes avec « Nowhere Fast » en passant par des riffs assez originaux pour le genre (« Children of Tomorrow »). Nulle démonstration technique ou solo de shredders, les musiciens n’en rajoutent pas. Le travail du clavier ne vient pas alourdir l’ensemble, bien au contraire. Quelques très bons refrains viennent chatouiller nos "cages à miel", notamment, le sombre et très « Beyond Twilight » « Made in Heaven », « Exodus » ou « Enigma » ou la ballade orchestrée sans guitare « Let The Wind Carry You Home » qui est une pause bien agréable dans cet océan d’intensité.
A l’image de Daniele Liverani et son projet Genius, Ian Perry à réussi le pari d’une quatrième partie cohérente à son projet assez ambitieux pour lequel plusieurs excellents musiciens (citons par exemple Stephan Lill ou Patrick Rondat ) ont déjà participés. Mais au vue de l’inspiration dont fait preuve Ian Perry et consorts dans ce disque, on regrette amèrement la longueur trop courte des meilleurs titres. Quelques passages instrumentaux en plus n’auraient pas été un luxe.