Cosmic Nomads est un groupe australien formé en 2003 par un vétéran de la scène musicale, ayant accompagné d'innombrables artistes depuis près de 40 ans ! Il s'agit de l'organiste/chanteur Rick Vanderby, d'origine hollandaise, le mentor de ce groupe qui délivre ici son second album, mais avec un line-up renouvelé car Vanderby a complètement changé de région.
En fait, ce projet est purement le bébé de cet organiste amoureux du fameux son de Hammond B3, auquel il rajoute souvent un peu de piano électrique, un petit poil de synthé. Les musiciens qui l'accompagnent ne sont pas des jeunes premiers mais des pros de session confirmés. On se demande pourquoi il y a deux guitaristes car le son est ouvertement dominé par les claviers. La voix chaude, profonde et grave de Vanderby, qui est de plus très bien placée, convient à merveille à cette musique puissante, finalement pas très progressive au sens strict du terme mais évocatrice d'une certaine ère où les claviéristes jouaient parfois à armes égales avec les guitaristes et torturaient leurs claviers à loisir !
Cosmic Nomads nous la joue ouvertement rétro… Dix titres (3:28 à 10:49) parfois assez longs, contenant des éléments rock, blues, jazz et classiques (car Vanderby a pas mal étudié des compositeurs comme Grieg ; on y reviendra), voire psychédéliques de la fin des années 60. Cet album, comme le précédent, sent bon les premiers Uriah Heep, ELP, Deep Purple, Iron Butterfly ou Atomic Rooster, voire même un Hawkwind qui donnerait plus de place aux claviers. Bref, ce ne sont pas des références très modernes ! Néanmoins, plutôt que de plagier l'un ou l'autre des groupes précités à tour de rôle, Cosmic Nomads ne fait que leur ressembler par le son. Et quelle pêche ! L'orgue Hammond au fameux son dit "à roue phonique" est mis en avant, chaud et puissant. Vanderby le fait rugir sur fond de rythmique souvent simple mais diablement efficace. Quel groove irrésistible !
Ah, ça sent bon les "Smoke on the water", le côté plus rock de Manfred Mann, etc. OK, les guitares ne prennent pas souvent de solo, mais quand c'est le cas, ce n'est pas pour rire non plus.
Des titres relativement brefs et accrocheurs, aux rythmes entraînants côtoient des morceaux plus ambitieux, plus libres où les musiciens, Vanderby en tête, se laissent aller à des parties solistes conséquentes et peut-être en partie improvisées. Côté jeu, notre claviériste n'essaye pas de démontrer sa technique à tout prix mais disons qu'il va sensiblement plus loin que Ken Hensley (Uriah Heep), par exemple, sans prétendre à atteindre la virtuosité époustouflante d'un Keith Emerson. Evidemment, le son est volontairement daté et plutôt rustique mais bien puissant et très chaleureux.
Cosmic Nomads n'évite pas quelques petites longueurs et de rares délires bruitistes (en fait c'est seulement sur la longue suite comprenant les trois titres finals enchaînés) ni quelques références un peu appuyées mais globalement, il s'agit essentiellement de très bons morceaux aux rythmes variés, avec des mélodies accrocheuses et des parties solistes inspirées et parfaitement maîtrisées… sans parler du côté dramatique venant des influences classiques du Monsieur. Il y a aussi un poil d'autodérision avec notamment le court "Elephant in my soup" sautillant, jazz et funk à la fois où les chœurs font "poop poop pidou" mais sur lequel une partie instrumentale dramatique et plus heavy nous rappelle que ces gars là ne sont pas des petits rigolos !
Histoire des respirer au milieu de tout ça, "Winter's day" est une belle ballade (un peu rapide) où la guitare acoustique de Con Patogiannis ne fait pas que de la figuration, loin s'en faut.
Si vous voulez vous tremper un bon coup dans une vraie atmosphère du début des années 70, créée par un musicien qui les a pleinement vécues et pas un pâle imitateur, "Vultress" est un album idéal ! Aux dernières nouvelles, Cosmic Nomads devrait accoucher dès 2008 de son troisième album inspiré en partie par "Trolltrog" d'Edvard Grieg !