Enregistré le 16 septembre 2006 lors de son premier concert aux Etats-Unis, le Live In America est enfin l’occasion d’entendre un enregistrement live (officiel j’entends) d’une des voix les plus reconnues du milieu métal, à savoir Jorn Lande. Et c’est en tant que tête d’affiche de la septième édition du fameux festival d’Atlanta ProgPower que fut capturé ce double cd live. C’est dire que l’affiche est alléchante : une voix aussi puissante et expressive que celle de Jorn dans un festival de musique progressive. Malheureusement, la liste des morceaux joués va quelque peu calmer nos ardeurs. En effet, sont moins mis en valeur les titres progressifs de Jorn que ceux de son côté heavy traditionnel.
En bref, aucun morceaux d’Ark à l’horizon, un titre de Beyond Twilight (« Godless and Wicked ») et le titre le plus progressif de l’ère Masterplan, à savoir « Soulburn ». Le dernier album solo The Duke est surtout mis en valeur. Vous aurez le plaisir d’entendre une reprise de Deep Purple, « Perfect Strangers » assez bien exécutée, un titre de Thin Lizzy et un méga pot-pourri pas pourri de son chanteur préféré, le grand David Coverdale, lors d’un titre (logiquement intitulé « The Whitesnake Medley ») de près de 18 minutes.
Pour finir et contenter tout le monde, Jorn, décidément très généreux, nous balance trois « nouveaux » titres studio que sont deux reprises en une de Black Sabbath :« Lonely Is The Word/Letters From Earth », une nouvelle version de « Out to Every Nation » et une exclu : « Sacrificial Feelings », d’assez bonne facture.
La plupart des morceaux, vous l’aurez compris, portent sur le Jorn heavy et burné. On aura droit aux traditionnels solos de guitare ( dont « DevilBird ») et batterie («Drums Solo »). Jorn n’a pas pioché que dans ses meilleurs morceaux solos mais il y met de la bonne volonté et se fait plaisir. Sa voix est aussi impressionnante qu’en enregistrement studio, si ce n’est plus. L’intérêt réside finalement dans le chant du bonhomme et c’est toujours un énorme plaisir que de l’entendre. Les musiciens qui l’accompagnent exécutent un travail impeccable. La reprise de Whitesnake est très bien ficelée et passe comme une lettre à la poste, tant que vous êtes fans de Coverdale, sinon tant pis pour vous…
Et malgré cela, certains d’entre vous ne seront pas totalement satisfait. Pour un fan de la période progressive de Jorn ( celle qui a beaucoup contribué à sa célébrité), la déception est quasi-totale. Comment faire l’impasse sur les chefs d’œuvre du répertoire d’Ark et de Vagabond, et ne proposer qu’un titre de Beyond Twilight et Masterplan surtout lors d’un festival progressif ? Le mystère reste entier. Autant le titre de Beyond Twilight est bien interprété, c’est-à-dire avec clavier, autant « Soulburn », excellent morceau de Masterplan, est relativement dénaturé, raccourci et vidé de sa substance progressive avec l’omission du clavier.
Jorn Lande a surtout gâté ses fans de métal, ce qui correspond plus à ses penchants actuels. On regrette néanmoins qu’une version DVD n’ait pas été édité avec l’album, l’intérêt en aurait été augmenté. En tout les cas, ça n’a pas l’air de déplaire au public, très en verve ce jour là. Peut-être trop content de voir leur chanteur préféré pour faire la fine bouche...