Après six ans d’existence et une première auto-production sortie en 2003, Junk Farm délivre son deuxième album « Ugly Little Thing ». Récemment signé sur le label canadien Unicorn Digital, ce « Fusion Trio from Hell » originaire d’Allemagne se distingue en délivrant un hard rock vigoureux et atypique, teinté de rythmes jazzy au groove ronflant et ravageur.
Cette association de styles est parfaitement maîtrisée par le groupe, composé d’un guitariste/chanteur excellant aussi bien en rythmique qu’en solo, d’un batteur technique et puissant et enfin d’un claviériste inspiré qui manie également la basse de main de maître.
La première écoute passe sans encombre, les onze titres étant assez courts mais non dénués d’intérêts. Chacun d’entre eux s’impose avec originalité, punch, rythme et surtout une richesse qui donne envie de les réécouter. La production met parfaitement en valeur l’expérience du trio, gratifiant ses interventions de quelques particularités rendant cet album encore plus attachant.
La pluralité des sons et des ambiances se manifeste immédiatement avec « An Eye For An Eye », qui débute sur un riff lourd soutenu par une rythmique syncopée sur fond de B3. Le refrain se fixe quasi immédiatement en mémoire. Quant à la voix, elle colle parfaitement à la couleur de ce titre. « Fools Of The Cliche » impressionne, baignant de bout en bout dans une atmosphère énergique, transcendé par un solo déjanté mais hautement mélodique.
Les arpèges au son clair de « Damaged Brain » semblent amorcer une baisse de régime, qui se transforme en fait très vite en une ballade résolument dynamique. L’instrumental « Master Sync » s’imprègne d’un un air seventies avec ses quelques notes de B3 immédiatement suivies d’accords limpides à connotation jazzy. Le guitariste laisse alors transparaître tout son talent, en dotant ce titre de coups d’éclats remplis de feeling. « Party maniac » et « Perfect Dream » captivent par leurs tempos cadencés, mélangeant habilement furie passagère et refrains éloquents. Une pointe de douceur et de subtilité arrive à pas de loup avec www.superficial.com qui ne fait que confirmer l’habileté du trio à passer d’un univers lourd et enragé à une ambiance feutrée et mélancolique. « Strange Behaviour » amorce un retour en force, bardé d’accords saturés et entêtants avant de dévier adroitement vers une ligne claire et plus jazzy, pour rebondir dans un climat plus pesant.
Le potentiel du groupe à jongler entre les styles imprime à « Ugly Little Thing » la force d’un hymne d’où jaillit une envie irrésistible de battre le rythme. Tel un cheval surgissant au galop, « Great Guy » fait l’effet d’une bombe. Tandis que « Vernissage » abonde vers un registre beaucoup plus raffiné, ne faisant que renforcer les qualités déjà évoquées dont fait preuve ce trio. Plus qu’une fusion d’écriture, ce titre se jette dans un véritable métissage musical.
En seulement 47 minutes, Junk Farm réussi un authentique tour de force. Les multiples influences dont le groupe use les ficelles s’en ressortent rajeunies. La combinaison entre une réelle fraîcheur et une sincérité débordante augmente d'avantage la réussite de cet album. Ce power trio mérite donc une attention particulière, et comme il le clame haut et fort, « Génération Groove !!! »