Le 28 septembre 2007 est un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de Nightwish, puisqu’il s’agit là de la sortie de leur nouvel album, « Dark Passion Play », qui sonne le début d’une nouvelle ère. En effet, « Dark Passion Play » est le premier album des finlandais avec la toute nouvelle Anette Olzon au chant, remplaçant l’ex-chanteuse Tarja Turunen. Jamais un changement de chanteuse n’a été aussi important pour un groupe, puisque la très regrettée Tarja paraissait totalement irremplaçable lors de son éviction du groupe en 2005, à tel point que certains crurent le monument Nightwish perdu à jamais… C’est donc après une attente exacerbée que le sixième album des maîtres du Métal Symphonique féminin se trouve enfin entre nos mains, et qu’il est temps de… juger !
Tout d’abord, concernant Anette, car c’est bien là la réelle nouveauté, sa voix se trouve être douce et mélodieuse, avec une clarté assez plaisante. Son chant est cependant à mille lieux de celui de Tarja par son absence de lyrisme. Anette se rapproche plus d’un chant accessible et commercial à la Sharon den Adel de Within Temptation. Il faut donc un réel temps d’adaptation pour se faire à cette nouvelle voix, surtout lorsqu’on avait l’habitude d’assimiler Nightwish à Tarja Turunen et sa technique phénoménale… Mais Mlle Olzon a plus d’un tour dans son sac et arrive parfaitement à prendre l’auditeur aux tripes, que ce soit sur « Meadows Of Heaven », titre absolument ravageur de par l’émotion indescriptible qu’il dégage, ou sur « Amaranth » avec un chant très accrocheur à l’efficacité redoutable.
Mais recentrons-nous sur l’album en lui-même ! « Dark Passion Play » s’avère être prenant et captivant, concentrant toute la puissance de Nightwish sur un album. On remarque ainsi avec satisfaction que Tuomas Holopainen est toujours un monstre de composition, sachant à la fois mêler morceaux épiques/progressifs et titres commerciaux avec un savoir faire inimitable…
Cette nouvelle œuvre commence d’ailleurs très fort avec « The Poet And The Pendulum », titre très progressif s’étalant sur près de 14 minutes ! Le morceau débute sur des parties orchestrales et un chant soprano très calmes pour déboucher sur une explosion symphonique où l’orchestre insuffle une dynamique exceptionnelle à la musique. S’enchaine tout du long un morceau épique passionnant, rappelant « Ghost Love Score » de par sa structure très évolutive. Le groupe nous montre ici toute sa splendeur, laissant l’auditeur littéralement pantois !
S’ensuit « Bye Bye Beautiful », le « Wish I Had An Angel » de l’album, dans lequel Marco Hietala se déchaine sur un refrain ultra puissant qui en fera dandiner plus d’un. En parlant de Marco, la figure la plus charismatique de Nightwish est en pleine forme et donne toujours plus de pêche à la musique, que ce soit de par sa basse ou de par son chant guttural totalement unique.
Dans un registre plus commercial, le single « Amaranth » se trouve être complètement accrocheur avec un refrain facilement mémorisable restant en tête longtemps après l’écoute. D’ailleurs, Anette accentue ce côté commercial, qui se ressent tout au long de l’album. En effet, le seul point faible de ce « Dark Passion Play », mais qui n’est pas des moindres, réside dans le fait que les musiques sont trop souvent basées sur un classique couplet/refrain/interlude/couplet/refrain. C’est assez décevant, surtout lorsqu’on connaît les capacités du groupe… Heureusement, ce petit désagrément est contrebalancé par des morceaux somme toute assez efficaces avec un feeling vraiment impressionnant !
D’autre part, pour le côté puissant et destructeur propre à Nightwish, « Dark Passion Play » est garni de quelques morceaux originaux à l’image du très puissant « Master Passion Greed » sur lequel Emppu Vuorinen nous délivre une guitare grave au son très agressif. La guitare reste d’ailleurs assez agressive tout du long, et ce pour notre plus grand plaisir. Emppu nous régale également de quelques somptueux soli gorgés d’émotion, notamment sur « 7 Days To The Wolves » ou « Meadows Of Heaven » qui représentent, avec « The Poet And The Pendulm », de véritables monuments nightwishiens ! En effet, tandis que « 7 Days To The Wolves » investit dans la puissance symphonique avec un interlude phénoménal dans lequel un violon reversant suivi de la voix d’Anette se font destructeurs. « Meadows Of Heaven » se veut d’une pureté absolue, laissant l’auditeur s’évader au son d’une flûte et d’un violon fabuleux, pour une ballade inoubliable… ponctuée par un final époustouflant et sa chanteuse gospel venant donner ses dernières notes à l’album !
Au final, malgré quelques dérives commerciales, « Dark Passion Play » saura bien entendu ravir les fans de Métal symphonique, mais aussi les amateurs de musique efficace, puissante et accessible. Je conseille donc vivement de jeter une oreille sur cet album doté d’un orchestre magique et aux compositions transcendantes qui mérite vraiment que l’on s’y attarde…