Motis, groupe jurassien fondé au début de ce millénaire par Emmanuel Tissot a pour ambition de nous entraîner quelques siècles en arrière, en créant un rock d'inspiration médiévale : structure des morceaux, titres des différentes plages, costumes de scène (pour ceux qui ont pu les applaudir lors du dernier festival Crescendo), tout est réuni pour le grand plongeon dans le passé.
Mais réduire la musique de Motis à ce simple qualificatif serait faire preuve d’une vue un peu trop étroite de l’esprit. D’inspiration médiévale certes, mais au contraire de groupes officiant (Blackmore’s Night) ou ayant officié (Malicorne) dans des genres similaires, nos jurassiens créent la totalité de leur musique de toute pièces, sans passer par la case adaptation ou "traditionnel, arrangement Motis".
Dans l’esprit, cela nous rapproche de l’angélisme, période "Par les Fils de Mandrin" (les claviers dans "L'Ermite" rappelleront des souvenirs aux plus anciens !). Musicalement, cela donne un mélange mi-acoustique, mi-électrique, avec une pléthore d'instruments divers et variés, dont les multiples périodes d'appartenance feront bondir un véritable musicologue médiéviste, mais qui rassemblées ici donnent une couleur toute particulière aux onze titres de cet "Homme-Loup". Ainsi, trompette, bouzouki ou encore violon viennent tour à tour côtoyer les mellotron et autres moog, relevant la tonalité singulière des différentes compositions.
Plus rock que Malicorne mais moins que l'Ange des 70's, moins dansant et moins accessible que Blackmore's Night, voilà où pourrait se situer Motis sur le petit échiquier des formations ayant appréhendé ce style musical.
Nonobstant un léger manque de variation dans les tonalités vocales, L'Homme-Loup devrait en tout cas devenir une référence du genre, méritant une diffusion bien au-delà de la sphère progressive à laquelle Motis fait finalement prendre un peu plus d'ampleur.