Je ne ferai l'affront à personne de présenter le festival Crescendo qui se déroule chaque année dans le plus beau département de France (soyons chauvin, une fois n'est pas coutume) : la Charente-Maritime. Pour redevenir sérieux, rappelons simplement deux principales qualités de ce festival : sa gratuité et des affiches chaque année totalement hallucinantes. En cet été 2006, la venue des canadiens de Spaced Out promettait un spectacle de haute volée et un sérieux mal de tête pour les voisins que le genre laisse indifférent.
Dès le premier morceau, le ton est donné : Spaced Out fait dans de la fusion hyper technique (mais la fusion peut-elle ne pas être technique ?) et démarre sur les chapeaux de roue avec un "Seven The Seven" agressif et totalement inabordable à qui découvre le groupe. Et celui qui tiendra le coup et écoutera la suite trouvera certainement qu'il s'agit là d'une faute de goût car n'est-il pas dangereux de commencer une prestation live par l'un des morceaux les plus difficiles d'accès de son répertoire ? En effet, si production, virtuosité et inventivité sont bien là, on est en droit de se demander si musicalité il y a dans la tête de ces trois gaillards.
Le second titre, et nombre des suivants, vont nous rassurer sur ce point car la section rythmique sera capable dès "A Freak Az" d'insuffler un groove en support à une guitare et des claviers capables de délivrer une mélodie qui, bien que très complexe, donne envie de s'attarder un peu sur l'objet.
Pour qui ne supporte plus les délires d'un Kopecky et trouve les allemands de Electric Outlet un peu trop simplistes dans leur approche extrêmement groovy de la musique, Spaced Out va devenir une excellente alternative.
En outre, on reste une fois de plus admiratif devant une technicité pareille en live et le seul regret que l'on aura peut-être sera celui, assez fréquent dans ce style, d'avoir l'impression d'entendre une musique plus calculée que ressentie. Fort heureusement, Spaced Out sait malgré tout ménager de temps en temps son public et nous servir de purs bijoux d'équilibre entre groove et virtuosité. Ainsi, "New Breed" laissera scotchés tous les aficionados du genre (aaaaaaahhhhhh, ce batteur !!!!)
Pour paraphraser la chronique de mon ami Megadave sur l'album "Unstable Matter", je terminerai simplement en faisant un constat évident : si tu cherches la qualité musicale, petit scarabée, tu as frappé à la bonne porte. Mais si tout petit scarabée tu es et point tes oreilles ne sont accoutumées aux dissonances, alors une autre voie tu dois prendre, pour expérience acquérir.