Le guitariste du groupe de metal progressif italien Moonlight Comedy possède des influences qui vont largement au-delà de la sphère metal, notamment le jazz et notamment le jazz rock. Son second album solo instrumental est là pour le prouver. "My secret diary" nous fait en quelque sorte pénétrer dans le jardin secret du guitariste en proposant un éventail relativement large de morceaux, soigneusement conçus et finalement assez développés, dont la plupart font entre 5 et 6 minutes.
Accompagné de Andrea Di Paoli (claviers, Labyrinth), de Pasko (basse) et du batteur de session Tony Liotta, Fiorletta n'hésite pas à s'éloigner des rivages metal. Souvent, on peut parler de hard rock mélodique, mais avec une nuance jazz rock fréquente. Beaucoup de morceaux sont basés sur des guitares électriques au son saturé légèrement hard, net, incisif, riches en mélodies accessibles. Un rock mélodique au rythme moyennement rapide, linéaire, raffiné et entraînant à la fois, avec une nuance américaine qui pourtant inclut des éléments surprenants comme ces boucles électroniques et ces quelques rares vocaux au son liquide, comme traités au vocoder, vers la fin de "A day in california" (qui comportait aussi un solo de clavier assez jazzy !). On retrouve ce type de sons sur le début du morceau suivant "I came back" et même au milieu de la très jolie ballade essentiellement arrangée pour guitare acoustique et piano, "You're my past, present & future". En fait, comme dans Moonlight Comedy, Fiorletta aime inclure quelques sons synthétiques, souvent inattendus. Les claviers en général sont d'ailleurs assez importants sur la plupart des morceaux.
Il arrive souvent qu'un morceau évolue de manière surprenante par rapport à son début. Par exemple, "Anita", le titre le plus long (6:32) démarre comme une ballade acoustique délicate, avec une deuxième guitare électrique cristalline, des synthés modernes avant que le morceau ne s'accélère lentement, alternant ensuite passages linéaires avec beaucoup d'arpèges et des solos enfiévrés et des sections presque jazz latino (un des meilleurs moments du CD). Le final "Goodbye" est franchement jazz, avec une nuance plutôt passéiste, (années 70) avant de s'accélérer lui aussi et de prendre une tournure plus typée hard rock mélodique, même si l’on a également un solo batterie/basse typique du jazz un peu plus loin ! "only three minutes to dream" est une ballade légère, acoustique, avec des sons d'accordéon mêlé de violons, qui possède une légère teinte italienne. "Brawl in a saloon" est une bonne blague bluesy et rock'n'roll à l'intro au piano bastringue, pourtant sérieusement jouée ! Bref, on ne risque pas de trouver ce disque monotone.
La production est plutôt bonne (meilleure que les précédents Moonlight Comedy) quoique la batterie soit un poil trop sèche et parfois un peu étouffée sur quelques titres ; un peu trop métronomique aussi de temps en temps.
Côté jeu, Fiorletta est un guitariste technique qui ne se sent pas obliger de jouer à 600 km/h tout le temps… Ici, il a affiné son jeu, assez clair et précis. Si le côté hard rock/metal se fait bien ressentir, on ne retrouve qu’une dose raisonnable de distorsion et d'agressivité. En bref, il utilise des sons incisifs et un jeu relativement fluide, mélodique, voire lyrique. Certes, il reste des plans peut-être déjà entendus, à l'occasion quelques petites répétitions un rien longuettes et quelques hésitations dans la progression mélodique mais globalement, Fiorletta est inspiré et diablement efficace ! "My secret diary" est donc à un album fort recommandable, loin des clichés du shredding, varié, accessible et technique à la fois.