T-Bo est un groupe à l’histoire particulière. Ce groupe a été initié par un papa qui avait un fils du prénom de Thibaut. Ce garçon de 19 ans était une personne extraordinaire.
Et puis il y a l’autre, cet homme qui avait bu un bon coup et s’était bourré de substances douteuses. Dans les toxicos et gros consommateurs d’alcool, il y a ceux qui décident de se coucher une fois qu’ils sont à plat, ceux qui se mettent derrière une guitare et délirent plus ou moins bien, et puis il y a ceux, peu recommandables, qui se mettent derrière le volant de leur voiture et vont faire un tour.
En septembre 2003, Thibaut a croisé sur sa route cette dernière catégorie de personnage et ne s’en est pas sorti.
Un mois après, son papa décidait d’écrire l’album dont il est question ici.
Voici donc l’un des plus beaux hommages que l’on peut faire à un enfant disparu, ce point-là ne se discute pas.
Dès la première écoute (et les suivantes confirment cette impression), on sent que Philippe, le papa, a tout mis là-dedans : l’amour pour un être cher et la douleur de l’absence, évidemment, mais également le souvenir des bons instants.
Mais qu’en est-il musicalement parlant ?
J’avoue pour ma part que si la démarche est éminemment noble, j’ai beaucoup plus de doutes sur l’intérêt purement musical de "We Stay Together".
Soutenues par une production d’une qualité exemplaire, les compositions mettent en avant une flûte omniprésente chargée d’un grand nombre de mélodies et un saxo à mi-chemin entre l’accompagnement et le chorus. La guitare s’offre tout de même quelques bonnes parties mélodiques tandis que la section rythmique et les claviers sont majoritairement utilisés de façon plutôt basique, sans grande originalité.
Et ce manque d’originalité sera le principal reproche que je ferai à cet album.
L’originalité ne fait pas tout, loin s’en faut, mais l’ensemble de cet album me laisse un arrière-goût d’académisme et, en particulier dans les lignes de flûte et les accompagnements de saxo, j’ai beaucoup trop souvent l’impression d’entendre l’application pure et simple de règles de composition comme on peut les lire dans une théorie musicale de conservatoire.
Ce disque me touche, mais je pense qu’il me touche à cause de la tragédie qui lui a donné naissance et qu’il manquerait peu de choses pour qu’il me touche tout court.
Certes, des morceaux tels "Tears In The Rain", avec sa montée progressive, et "Differents Kinds Of Life", et son final fort bien trouvé, sembleront me contredire mais deux morceaux seulement sur quatorze ne me permettront jamais de classer un album dans la catégorie "indispensables" de ma discothèque.
L’intention est belle, les moyens techniques sont là, il manque à mon avis une bonne dose de laisser-aller pour sortir des sentiers battus et le deuxième album pourrait être bien meilleur.