Du nom de son maître à penser multi-instrumentiste, Phideaux Xavier, le groupe Phideaux est bel est bien un groupe avec pas moins de dix personnes en son sein. Bien que multi-instrumentiste, il faut donc savoir déléguer, et Phideaux ne s’en prive pas… D’autant plus que l’album crédite un grand nombre d’autres musiciens, parmi lesquels des instrumentistes de l’orchestre philharmonique de Los Angeles (une quinzaine de musiciens visiblement).
Avec un rythme de production très soutenu (quatre albums en deux ans), cet après-midi de jugement dernier est le sixième album du groupe et se trouve être le second volet d’une trilogie débutée avec The Great Leap sur le thème de l’écologie.
Ne connaissant pas le catalogue de Phideaux mais ayant tout de même lu quelques critiques très positives le concernant, mon écoute de cet album a été abordée avec l’espoir de découvrir une qualité musicale promise par les échos entendus ci et là… Bonne nouvelle : cet espoir se matérialisera rapidement en bonheur…
En effet, l’auditeur remarquera dès la première écoute, les superbes ambiances aux couleurs très majoritairement mineures, les arrangements très soignés, les instrumentations très riches mises en valeur par une très bonne production… Ce sont essentiellement les instruments classiques à cordes, à vent et les claviers vintages qui sont à l’honneur sur plusieurs plages. C’est un vrai petit orchestre qui est ici dirigé par la main de Phideaux Xavier. Par ailleurs, les chants masculins et féminins alternent et se complètent avec une expressivité qui vous prend aux tripes.
L’une des principales références qui transpire ici est Ayreon : diversité des ambiances folkloriques, classiques, progressives, atmosphères Floydiennes, alternance des chants et souci acéré des lignes mélodiques subtiles et sublimes. Celles-ci s’ancrent durablement dans l’esprit. Malgré la multiplicité des chanteurs on sent tout de même une forte homogénéité mélodique qui rend l’œuvre vraiment très cohérente (cela s’écoute d’ailleurs d’un trait car la plupart des titres sont enchaînés).
L’album commence et termine par des morceaux de plus de dix minutes chacun. La structure du track listing a visiblement été réfléchie par Phideaux : en effet, le titre d’ouverture et celui de fermeture sont des anagrammes "Micro Softdeathstar" pour le premier et "Microdeath Softstar" pour le dernier. On trouvera également "The Doctrine Of Eternal Ice" qui se divise en deux parties ainsi que le morceau "Crumble" qui fait l’objet de deux versions.
Faisons le tour du propriétaire ! "Micro Sofdeathstar" commence de manière très mélancolique avec des vocaux dénudés sur quelques accords de piano. Avec l’appui d’un chant très expressif, doublé de vocaux féminins de toute beauté, les instruments classiques transcendent les mélodies des différentes parties avec un souci du détail transparaissant tout au long de cette pièce sur laquelle on peut découvrir une nouvelle note à chaque écoute.
La première partie de "The Doctrine Of Eternal Ice" est un instrumental très folklo et joyeux qui alterne cependant les ambiances et les arrangements. La transition se fait en douceur vers un "Candybrain" qui mélange guitare folk et flûte avant que le chant ne se laisse porter par des lignes d’orgue sur fond de chœurs et de chants féminins. L’instrumental "Crumble" aborde ensuite un thème de piano très mélancolique, lequel est décliné et enrichi de manière hypnotique par l’apport de différents instruments et nappes vocales.
La deuxième partie de "The Doctrine Of Eternal Ice" reprend quelques thèmes de la première partie en faisant la part belle aux chœurs, aux orgues et synthés sur des passages plus psychés. "Thank You For The Evil" lorgne longuement sur des ambiances Floydiennes avant de passer la main à un très symphonique "A Wasteland Of Memories". S’enchaîne alors une seconde version de "Crumble" ouvrant sur une tonalité légèrement différente rehaussant la beauté du chant cristallin de Valérie Gracious : de toute beauté malgré une trop courte durée.
"Formaldehyde" revient à des phrasés plus Ayreoniens et l’on est encore pris aux tripes par les vocaux féminins de la première partie alors que le final du morceau s’oriente vers des contrées plus rock. L’album se termine alors trop rapidement avec un "Microdeath Softstar" assez progressif mélangeant quelques thèmes antérieurs à des instrumentations plus électriques. Heureusement, la touche 'Repeat All' peut être utilisée à souhait !
Vous l’aurez compris, cet album est un réel coup de cœur. Un chef d’œuvre de rock/folk progressif qui séduira tous les adeptes et plaira également à un public plus large…