Passé quasiment inaperçu lors de sa sortie en 2004, je tenais absolument à faire part de mon indignation ! Comment un tel talent, ou du moins le 3e album des allemands de Behind The Scenery, a pu passer au travers des mailles du filet de la scène Death Metal d’habitude si à l’affût de ce genre de groupes Underground ? Imaginez un album, particulièrement inspiré, croisement entre Dark Tranquillity et Opeth… C’est tout simplement ce que nous propose ce génial "Rétroviseur " !
Au titre de la première comparaison, citons le titre éponyme ouvrant sur une guitare hypnotique - fil conducteur d’un morceau Death Mélodique certes classique mais d’une efficacité redoutable - qui prend toute son ampleur au moment des breaks atmosphériques ; on ne pouvait pas rêver meilleure entame ! A cet égard, une grande majorité des titres Death Mélodique proposés sont construits sur cette même trame à savoir des riffs Heavy extrêmement accrocheurs, un chant guttural très proche de Mikael Stanne qui renforce la parabole avec Dark Tranquillity et surtout la petite touche mélancolique donnant, s’il le fallait, une dimension supplémentaire aux compositions !
Et comment ne pas penser à la bande à Åkerfeldt à l’écoute du final « Late Night » instrumental acoustique très (trop diront certains) proche d’un "For Absent Friends" de l’album « Deliverance » ?
Notons également le fabuleux semi-acoustique « Queen of the Swans » inspiré des mélodies atmosphériques propres aux maîtres du genre susmentionnés à la différence notable que le chant uniquement clair est tenu par Isabel Jasse : magique !
Dernier adjectif que l’on devra aussi employer pour qualifier l’enchanteur «Elevation », poème de Baudelaire chanté en français par la toujours cristalline et ensorcelante Isabel Jasse , et son apothéose caractérisée par un riff incisif qui tranche avec le calme ambiant ! Enfin, que dire du magistral « Response to Solitude », petit bijou de Death Progressif sur lequel s’entremêlent riffs toujours aussi puissants et piano acoustique mélancolique et son final, tout en finesse, sur lequel la mélodie de ce piano accompagne un sermon de Georges W. Bush : tout simplement grandiose !
En conclusion, avec ce splendide « Retroviseur », Behind the Scenery s’impose comme le chaînon manquant allemand entre l’éblouissant death progressif de Disillusion et le monstrueux death mélodique de Dark Age. En effet, « Behind the Scenery » s’annonce comme un groupe à suivre de très près ne demandant qu’à exploser à la face du monde, si toutefois les labels daignent reconnaître le talent évident qui caractérise l’actuel quintet allemand.
A cet égard, gageons que si le groupe surmonte les difficultés qui lui font face (relatif anonymat, départ du chanteur Holger Speidel), l’avenir s’annonce dégagé voire radieux tant ce prometteur « Rétroviseur » augure du meilleur pour la suite…