Préambule : le chroniqueur entamant l’écoute d’un nouvel album est conscient de la somme de travail et d’investissement que représente la mise au monde d’un nouvel opus.
Premières constatations : “Interstellar”, fruit du groupe “Molécule”, est en fait le travail d’un seul compositeur-interprète, Gérard Verran, français et batteur de jazz de formation. Le style est ici un electro-ambient rappelant certaines productions des années 75-80 comme Tangerine Dream, Vangelis ou autres Jean-Michel Jarre. Les morceaux, assez courts, sont exclusivement musicaux, la voix humaine étant ici utilisée comme un instrument parlé (scandé serait le terme le plus exact).
Clins d’œil : les références à Pink Floyd sont disséminées partout dans les morceaux, et surtout dans les séquences d’introduction : la note aiguë du début de “Echoes”, le battement de cœur de l’intro de “Breathe”, le tiroir-caisse de “Money”, l’horloge de “Time” ... Apparemment, “Dark Side of the Moon” (entre autres) a fortement marqué Gérard Verran.
Agacements : il est quand même regrettable qu’un batteur de formation se cantonne à utiliser des percussions électroniques, même si ça colle plus au style de l’album ! Au registre des irritations, rangeons également les interminables intros sensées placer l’ambiance : aucune d’entre elles ne fait moins d’une minute, et ce remplissage parfaitement superflu ne rajoute rien à l’abum. On a ainsi droit aux bruits goutteux (“Oxygène”), aux vents divers (“Interstellar”), aux gazouillis printaniers accompagnés ou non de ruissellements divers (“Isomorphisme”), ou aux grilloneries nocturnes (“Control for the Sun”). Cette ambiance nature et découverte sent le snobisme de bon aloi ...
Impressions : le problème avec le style ambient, c’est qu’on risque très rapidement de tomber dans la musique ... d’ambiance. En leur temps, les Allemands de Tangerine Dream ou même le Français Jean-Michel Jarre avaient beaucoup plus d’imagination ... et le mérite de la nouveauté en plus !
Qualités : heureusement, le soin apporté aux arrangements et à la production sont à la hauteur du projet. Et on ne risque pas de froisser des oreilles de quiconque en passant “Interstellar” (sauf peut-être avec l’atonal “Isomorphisme”, seul morceau par ailleurs à utiliser une vraie batterie au naturel).
Conclusion : la nécessité du préambule prend ici toute sa valeur, vue l’inclémence du chroniqueur ... malgré le soin apporté à la réalisation, on peut ressentir une réelle indifférence à l’écoute de cet opus, mélodique mais pas assez varié, et parasité d’introductions bourratives. L’étudiant en cours de révision pourra toutefois utilement employer “Interstellar” en fond sonore pour maintenir la qualité de sa concentration ...