Metal God Essentials volume 1 est le premier tome d’une série de compilations sortie par Rob Halford, le chanteur du célèbre groupe de heavy metal britannique Judas Priest. Elles ont pour objet de retracer sa carrière solo depuis son départ de Priest en 1993, et celle-ci fut assez chargée avant son retour au bercail en 2003.
L’homme, curieux de multiplier les expériences après 20 ans de heavy metal classique, a en effet sorti bon nombre de disques sous différents noms, le tout en changeant souvent de style au gré de ses envies. Ainsi, si l'on sentait chez Rob Halford des velléités d’évolution dès l’album Turbo avec Judas Priest en 1986, on ne pensait pas que le chanteur allait tant faire évoluer sa musique, et surtout la moderniser à ce point.
Ce premier volume permet un peu de se rendre compte de cette évolution puis de son retour aux sources heavy metal au début des années 2000, sans tenir compte malheureusement de la chronologie des sorties et en zappant son projet le plus éloigné du heavy metal, Two.
On nous présente en effet ici des titres extraits de Resurrection, sorti en 2000, de Crucible (2002), qui montrait déjà un Halford revenu au métal classique ainsi que du premier album de Fight, War Of Words, groupe que Halford a monté suite à son départ de Priest en 1993.
Et malgré la déception relative due à l’absence de cohérence de ce volume, on ne peut que s’incliner devant un tel déferlement de grands titres, preuve que Halford a parfaitement su exister sans Judas Priest, même si le succès commercial fut peu au rendez-vous.
Pour reprendre le tout d’une manière chronologique, on trouve donc 3 titres du premier album de Fight qui voyait Halford réunir autour de lui, en plus du batteur Scott Travis, transfuge de Priest, un line-up jeune pour coller à l’air du temps. En effet l’époque était au power métal et au thrash, avec Pantera ou Annhilator, et Halford fit tout pour tenter de suivre cette génération qui avait donné un coup de vieux à la sienne. Si le look trop artificiel laissait à désirer, la musique était au contraire d’une rare efficacité et montrait un groupe et son chanteur très à l’aise dans ces sonorités plus modernes. "Into The Pit" et "Nail To The Gun" en sont deux preuves évidentes, entre power et heavy metal. Le second album du groupe, Small Deadly Spaces, sorti en 1994, montrera quant à lui un groupe encore plus aventureux mais il n’est pas présenté ici. Espérons que le volume 2 remédiera à cet oubli. Et il en est donc de même avec le projet Two qui avait vu le jour en 1997 et qui voyait Halford s’essayer au métal industriel.
Le reste de cette compilation est consacré à Halford, le groupe qui s’est créé en 1999 et qui voyait un retour à un heavy métal classique sous la houlette du producteur Roy Z (Bruce Dickinson, Helloween). A noter que même si ce retour était purement commercial, il était une réussite absolue. Resurrection, dont 4 titres sont présentés ici, est en effet une bombe de heavy métal qui a frappé fort à sa sortie en 2000. Le titre éponyme qui ouvre cette compilation en est une preuve absolue, montrant un Rob Halford chantant comme il le faisait aux grandes heures de Painkiller sur une musique déboulant à vive allure. On citera également le superbe "Made In Hell" et son refrain très efficace.
On retrouve aussi en version démo "Silent Scream", du même album, qui est l'une des perles de ce disque. Le titre est tout aussi excellent que la version définitive, power ballade toute en nuance sur laquelle Halford fait preuve d’une voix splendide avec des montées en puissance qui collent le frisson. On retrouve ensuite un seul titre de son double live, Live Insurrection (2001), "Screaming In The Dark". Ce live, même s'il est sans doute retouché en studio, est l'un des très grands disques en concerts des années 2000.
On trouve enfin des titres extraits de son deuxième album, Crucible (2002), sorti juste avant son retour dans Judas Priest et duquel sont extraits 4 titres. Tous dans une veine calme presque atmosphérique, on retiendra surtout "Sun", titre à la frontière du progressif avec quelques consonances orientales, superbe mais quelque peu oublié en raison des faibles ventes de l’album et du retour immédiat de Halford dans Priest. On citera également "Crystal" et "Trail Of Tears" dans la même veine.
Enfin, toute bonne compilation qui se respecte n'oublie pas les inédits, histoire d’attirer les fans qui ont tous les albums de Halford. "Forgotten Generation" est un très bon titre heavy mi-tempo, avec un solo superbe, et "Drop Out", moins efficace de prime abord, plus moderne dans son approche vocale, s’avère être un bon titre dans la lignée de la carrière solo de Halford.
On tient donc là une compilation sympathique qui peut servir à ceux qui veulent connaître plus en détails la carrière solo du chanteur de Judas Priest. En revanche, on peut être déçu de l’absence de certains albums et du manque de cohérence de la chose. On signalera enfin qu’il existe une version avec DVD contenant des titres live, des clips et des séquences en studio, complètement indispensables pour les fans du groupe et du chanteur.