Big Big Train est une formation qui a maintenant plus de 20 ans d'âge. Ce groupe anglais revendiquant des inspirations du coté de Genesis, Van der Graaf Generator et IQ, sort avec "The difference Machine" son quatrième album, et retrouve la stabilité en ne changeant pas de line-up (alors que l'histoire du groupe avait été auparavant fortement perturbée, notamment entre 1997 et 2002).
L'album commence en douceur par une intro où s’entremêlent claviers-cordes, hautbois et sax, à mi-chemin entre le classique et le soft jazz. Quand se lancent les notes de guitare de “Perfect Cosmic Storm”, l'auditeur se voit parti pour un album de prog symphonique dans le genre de Deluxe Grander, tout en homogénéité. Mais le morceau garde de nombreuses ruptures, et le sax comme la basse ont des accents de jazz, voire de free-jazz, ce qui ne rend pas le propos des plus accessibles; plutôt que de développer les thèmes par évolutions successives, la musique juxtapose avec habileté les idées. Autant dire que cette “tempête cosmique”, avec ses nombreuses turbulences, n‘est pas facile à appréhender (il n'est pas certain que, placé en début d’album, ce soit le morceau d’accroche idéal ...)
“Breathing Space” n’est qu’un court interlude avant “Pick Up if You’re There”, autre morceau consistant (plus de 12 minutes). Même technique de juxtaposition de lignes musicales, les développements instrumentaux baignés de mellotron typé années 70 s’insérant assez brièvement entre les parties vocales. Très technique, mais pas forcément exaltant !
Re-interlude (“From the Wide Open Sea”) et on arrive sur “Saltwater Falling on Uneven Ground” (re-12 minutes). Après un départ délicat sur une mesure impaire, le groupe va (enfin) laisser s’épanouir un thème mélodique suivi qui satisfera les amateurs de continuité.
Le dernier morceau (Summer’s Lease) commence sur les premières notes de “Cinema Show” puis laisse évoluer un sax jazzy avant de revenir au thème initial du premier morceau pour terminer l’album.
Aucune réserve n’est à apporter sur l’exécution de cet album, qui garde de fortes attaches 70’s et bénéficie de contributions prestigieuses (Dave Meros et Nick d'Virgilio de Spock's Beard ainsi que Pete Trewavas, l'excellent bassiste de Marillion). L’auditeur que je suis n’a cependant pas été embarqué dans cet univers, hésitant à maintenir un cap mélodique qui permettrait de s’immerger complètement dans l’ambiance. Question de goût personnel, je reconnais pourtant de nombreuses idées de composition et de réalisation à cet opus ...