La formation suédoise n’en est pas à son premier essai. Les trois compères sont des bourreaux de travail. A titre d’exemple, citons que le batteur Daniel Flores a collaboré sur un tas d’albums "Tribute to…" (Mötley Crüe, Sammy Hagar, Gary Moore, etc), que le chanteur Andreas Novak s’est essayé en solo en 2005 et collabore également à l’écriture de certains tributes, et enfin que le bassiste/guitariste Johan Niemann suit les traces de ses amis pour les tributes et travaille sur les albums du groupe "Therion".
Trois artistes très prolifiques donc… Mais qu’en est-il de leur projet commun Mind’s Eye qui a déjà sorti 5 albums et remporté un petit succès sur Music Waves ? Leur musique est souvent comparée à l’AOR d’un 'Toto', voire même au côté métal d’un 'Queensrÿche'. Quelle voie auront-ils choisi cette année ?
L’entrée en matière se fait sur "Praying Confession" avec un batteur montrant qu’il n’a rien perdu de ses réflexes. Résolument plus métal, plus rapide et envahi de guitares lourdes, c’est un début en fanfare très relevé qui continue sur la seconde piste "Seven Days". Sans être exceptionnelle, la voix assure son rôle de manière énergique. L’électricité dans l’air ne s’estompe pas et l’album enchaîne immédiatement sur le "AssassiNation" (notez le jeu de mot) et son refrain très accrocheur qui pourrait peut-être permettre à ce morceau de se mouvoir en single... Qui sait.
"Chaos Unleashed" laisse entrer les claviers et la batterie (instruments dirigés par l’incontournable Daniel Flores) dans un style toujours très hard rock. Bien travaillée, la chanson suit le même schéma que les précédentes avec le jeu très varié de la batterie, les guitares très lourdes, la voix doublée par les chœurs sur les refrains et la frénésie qui s’échappe de la mélodie à chaque minute (mieux qu’un mars, rien que de les écouter, ça repart).
Alors que sur les précédents ouvrages, il était possible de percevoir certaines notes progressives très appréciables, le ton est ici plus nuancé pour laisser place à toute la lourdeur d’un rock FM (limite métal à la Queensrÿche?) bien construit. 'Mais', et il en fallait bien un, l’ouvrage devient long étant donné qu’il s’agit toujours de la même construction… Il faut attendre le "Red Winter Sirens" pour voir apparaître un changement de style. L’intro jouée sur un duo piano/voix apporte un renouveau, un nouveau souffle à l’album qui était en perte de vitesse sur les précédents morceaux.
Même 'bonne' nouvelle pour le "Graveyard Hands" qui apporte lui aussi son lot de nouveautés. Des claviers plus présents, une voix plus claire et des guitares plus en retrait. Le cocktail est réussi, le ton est trouvé et les oreilles peuvent se reposer un peu. Arrive alors ce qui doit être la pièce maîtresse de l’album de par sa longueur, à savoir "Pandora’s Musical Box".
A la base, l’histoire de la boîte de Pandore est racontée dans la mythologie grecque comme étant le coffret d’où s’échappèrent les pires maladies, fléaux et malheurs que nous connaissons aujourd’hui. Seule l’espérance, plus lente que les autres, ne parvint pas à sortir à temps et la jeune fille, Pandore, enferma la lueur d’espoir à l’intérieur. Si ce morceau n’est en rien comparable aux maladies et autres fléaux de la musique d’aujourd’hui, il n’offre néanmoins pas un regard positif sur les capacités du groupe. Bien que plus progressive que les chansons précédentes, celle-ci n'est pas plus accrocheuse qu'une autre. C’est un peu comme si nos trois suédois s’étaient lancés un pari et avaient joué à celui qui improvise le plus longtemps… Il n’y a pas de leitmotiv, pas de fil conducteur dans les 11 minutes qui viennent clôturer l’album.
Que retenir alors ? Soulignons premièrement le design de leur pochette. Dans la lignée des "Waiting for the tide" et "Walking on H2o", l’importance accordée à la finition est des plus appréciables. Ensuite, pour ce qui est du contenu, Mind’s Eye ne révolutionnera pas le genre. Ils opèrent dans un style Hard FM/Prog/Metal bien péchu et de plus en plus personnel (les influences 'Toto' et autres sont fondues dans le décor 'Mind's Eye'). Mais c’est le même schéma de composition qui est reproduit pendant 1h15… Si vous êtes à la recherche d’un album qui pulse bien sans faux pas, ce "A Gentleman’s Hurricane" pourra vous séduire. Cependant, plusieurs écoutes attentives vous mèneront peut être à passer rapidement à autre chose...