Devons-nous encore vous présenter "Innuendo"? A fortiori, est-il encore utile de vous présenter Queen ? Ce groupe dont le destin tragique mènera au décès de l’emblématique chanteur – Freddie Mercury – en 1991, date de sortie de l’album qui nous occupe. Rappelons brièvement la chronologie des évènements : les enregistrements débutent en mars 1989 et se terminent en novembre 1990. En février 1991, l’album sort et atteint rapidement les plafonds des charts américains et anglais. Le 23 novembre 1991, Freddie Mercury annonce publiquement qu’il est atteint du sida. Le 24 au matin, Freddie succombe à la pneumonie qui l’affaiblissait depuis des mois.
C’est donc dans ce contexte angoissant, d’attente et de douleur que sort "Innuendo". Vous offrir un récapitulatif morceau par morceau de ce chef d’œuvre ne serait que très rébarbatif et peu représentatif de l’émotion dégagée par l’album. Comment décrire ce que l’on ressent à l’écoute d’un "Show Must Go On", véritable testament oral écrit par tout le groupe ? Peu de mots peuvent résumer ces sentiments. Mais l’album ne se limite pas à cette seule chanson.
Mentionnons par exemple le titre éponyme sur lequel les membres de la Reine ont fait appel à Steve Howe ('Yes') sur le solo un brin flamenco de guitare sèche donnant ensuite lieu à un solo électrique de Brian May. Ou encore le très rock "Headlong" où la voix d’un Mercury dégage autant de puissance qu’aux premières heures de gloire. Et n’oublions pas non plus l’humoristique "Delilah", chanson écrite par Mercury et destinée à son chat (d’où le refrain sur lequel nous retrouvons des miaulements), le mélancolique "I can’t live with you" et surtout le poignant "These are the days of our lives" dont le solo ne manquera pas de vous faire frissonner.
Inutile d’aller plus loin. "Innuendo" est un must dans une bibliothèque musicale. Le groupe est revenu à ses inspirations du début, délaissant par endroit la musique qu’ils avaient réalisée dans les années ’80. Nulle part il n’est possible de sentir que Freddie est affaibli par la maladie. En aucun endroit il n'est question de baisser le niveau. Tout est fait en puissance, délicatesse et émotion.
Entre le hard rock chéri par Brian May & Roger Taylor, le rock opéra florissant de la tête de Mercury et le rock progressif des ‘70s, Queen offre sur un plateau d’argent un album à ranger dans ses classiques au même titre que "News of the world" (1977) et "A Night At The Opera" (1975).