Curieux album ! Metaphor est un combo américain qui a débuté en jouant des reprises du Genesis des années Gabriel, avant de se stabiliser et de se lancer dans ses propres compositions en 1998. “The Sparrow”, basé sur une nouvelle de science-fiction, est leur troisième production et nous conte les aventures d’une mission envoyée sur une planète émettant des signaux musicaux.
Curieux album, car Metaphor utilise des recettes que l’on pourrait croire totalement éventées, usées jusqu’à la corde par les glorieux fondateurs du Prog, et ce, tant au niveau de la technique de composition que du choix des instruments et même de l’interprétation.
C’est, lors des premières écoutes, un défaut majeur de "The Sparrow" : sonorités dépassées, breaks hors de propos (celui situé au milieu du premier morceau est un modèle de laideur), approximations instrumentales (et surtout vocales), juxtaposition d’instruments classiques et de sonorités typées 70 (‘God Will Break Your Heart’, très kitsch ! ) ; on a vraiment l’impression d’une horloge qui s’est trouvée bloquée trente ans auparavant et qui se décide, par un pur caprice mécanique, à redémarrer à son propre rythme ! Personne ne joue plus comme ça en 2007 : les rythmiques sont totalement obsolètes (ah, les percussions dans ‘Deus Vault’ ! ), les claviers très linéaires (on sort rarement de l’orgue façon Banks période Trespass, ou des nappes de synthé en superficiels accords), la prestation vocale est à la limite de l’indigence, et la profondeur de son très limitée.
Ne voulant pas condamner l’album trop rapidement, le chroniqueur s’obstine pourtant, car les ingrédients recherchés par l’amateur de musique progressive sont bien présents : multiplicité des thèmes dans un même morceau, rappel de thèmes d’un morceau à l’autre, développements musicaux ... Malheureusement, tout ceci reste trop souvent à l’état d’ébauche (dommage, le solo d’orgue de ‘Stella Maris’, qui partait fort bien et nous laisse sur notre faim, faute d’ouverture intéressante) et bien trop décousu pour accrocher l’auditeur (‘Stranded’, inintéressant). La fin de ‘Mother Night’ montre pourtant que Metaphor pourrait produire des ambiances intéressantes s’il voulait se montrer plus “atmosphérique”.
Curieux album donc, car rien n’est plus frustrant qu’une production dont on sent le potentiel mais qui n’arrive pas à faire émerger le résultat. Un tel opus, paraissant dans les années 70, aurait probablement pu être jugé intéressant; aujourd’hui, s’il fallait le résumer en un qualificatif, ce serait “navrant” (au sens premier du terme : qui cause une grande affliction - affliction : grand chagrin ) .