Sixième album pour le groupe allemand Poverty’s No Crime avec "Save My Soul", quatre ans après "The Chemical Chaos". Vous dire que nous attendions cet album avec impatience serait exagéré, mais entendre la progression d’un groupe qui n’a pas encore sorti son album majeur, alors que le potentiel est là, est toujours intéressant.
"Save My Soul" est un album assez optimiste, en tout cas dans le thème général des paroles. En effet, le sujet principal peut être présenté ainsi : en se servant de la peur et du désespoir, qui sont des sentiments négatifs et universels, l’homme peut se construire et tendre vers des comportements plus positifs. La musique des allemands nous rendrait-elle aussi optimiste que les paroles nous y invitent ? Désolé de briser le suspens mais Save My Soul ne sera pas le chef d’œuvre de P’sNC.
Les allemands n’arrivent toujours pas à se détacher de leurs influences - difficile de s’en défaire tellement ces groupes ont de la personnalité - que sont Dream Theater, Symphony X, Threshold ou Shadow Gallery. On peut même parler de P’sNC comme d’un groupe de power métal tant le contenu progressif se fait de plus en plus maigre. Pour la plupart, les morceaux sont construits de manière assez linéaire avec peu de breaks et de cassures, et encore moins de passages instrumentaux. Les mélodies sont assez surannées ('Save My Soul') et les refrains efficaces mais manquants de ce quelque chose qui transcende le tout ('Open Your Eyes', 'End In Sight'). C’est le sentiment global qui ressort à l’écoute de cet album ; on ne peut pas dire que ce soit mauvais, au contraire, mais on a la profonde conviction d’avoir déjà entendu ça.
Et ce ne sont pas les quelques moments vraiment progressifs qui viennent arranger les choses pour P’sNC. 'In The Wait Loop' contient une partie instrumentale typique du métal progressif mais celle-ci, assez lymphatique et dans basée sur une succession de faux rythmes, vient perturber le tout. De plus, la reprise du refrain arrive comme un cheveu sur la soupe. Le solo de guitare en son clair, limite crunch, vient se déposer dans une ambiance plutôt jazz mais n’est pas David Gilmour qui veut.
'The Torture' fait office d’OVNI dans ce disque avec son intro très Spiritual Beggars et son refrain entêtant. L’instrumental 'Spellbound', passage obligé pour tout groupe de métal prog qui se respecte, est assez agréable à écouter mais tous les clichés de ce genre d’exercice sont utilisés. Enfin, la ballade 'The Key To Creativity' est de bonne facture même si la mélodie du refrain ne nous est pas tout à fait inconnue. Le manque de créativité se fait dramatiquement sentir (au vu du titre, ou bien ce groupe à un énorme sens de l’humour ou alors un cruel manque de lucidité). Le morceau aurait été d’autant plus réussi s’il n’y avait pas ces bruitages pendant le couplet qui desservent malheureusement le titre.
La musique de P’sNC ne convainc pas même si le tout est bien exécuté techniquement. Tous les éléments étaient pourtant réunis pour un grand disque (impeccable Tommy Newton à la production). Mais P’sNC semble toujours avoir deux ou trois albums de retard sur le reste du microcosme progressif et il est à craindre que ce groupe ne réponde jamais à nos espérances. La comparaison avec les formations dont s’inspirent les allemands est d’autant plus pénalisante que de très bons albums sont sortis cette année (Threshold, Symphony X ou Dream Theater.) Quelques écoutes suffisent à se faire une idée précise du message des allemands et à très vite s’en lasser. Poverty’s No Crime arrivera-t-il à quitter la deuxième division pour rejoindre l’élite du métal progressif, après presque deux décennies d’existence dans le milieu ? Réponse au prochain album ?