Dixième album pour Heartland avec Mind Your Head, deux ans après Move On, un album qui s’était classé dans les toutes premières places des sorties AOR en 2005. Et pour cause, Move On est en tout point impeccable, sans temps mort ni irrégularité. Heartland avait à l’époque réussi le pari de se renouveler avec une certaine fraîcheur de propos tout en gardant son style bien à lui. On retrouve la paire magique Morris/Ousey respectivement guitariste-bassiste-clavier et chanteur et un certain Fredrik Oscarsson à la batterie (dont on découvre l’existence avec cet album…). Sans nouveautés notables, Heartland va t-il prolonger le succès de son aîné ?
Sans rentrer dans le détail de chaque chanson, on peut être rassuré dès les premières chansons. C’est du bon Heartland et sur certains passages du très bon même. Le premier titre, « Magazine » ( drôle de titre quand même), est un excellent dosage de rythme et mélodie avec un refrain percutant, un clavier léger et de la guitare juste ce qu’il faut. Sont passés en revue tout type de morceau estampillé Heartland, et même si tout celà ne transpire pas l’originalité on se laisse prendre par la qualité des chansons. Morris assure comme un chef en tant que clavier et bassiste, et comme guitariste il semble se faire moins démonstratif que sur Move On, surtout en solo ( « For Pity’s Sake »). Steve Ousey a une voix reconnaissable entre mille, et c’est un réel bonheur que de l’entendre sur ce genre de musique. Malgré tout, il ne touche pas autant l’auditeur que sur son précédent album, se trouvant limité dans le registre mélodique, utilisant souvent les mêmes intonations dans les montées des refrains. Mais les refrains sont une des grandes réussites de cet album avec l’utilisation très subtile des chœurs ( « A Richer Vein », « Time To Believe »…). On oscille donc entre le bon (« Last Man to Fall », « Run for Your Life »…) et le très bon ( avec le trio “A Fathom I Fell”, “So The Story Goes” ou “Mountain To Climb”). La ballade « A Fathom I Fell » jouée acoustique et son clair se trouve être assez anti-conventionnelle avec son absence de refrain chanté, remplacé par quelques arpèges de guitare. Ce titre est une véritable bouffée d’oxygène. L’excellent « So The Story Goes » nous rappelle que Heartland n’a rien perdu de sa capacité à composer des morceaux qui rentrent instantanément en tête. Il n’est même pas besoin d’écouter ce titre jusqu’au bout pour savoir que ce sera un des tous meilleurs de l’album. Et que dire de « Mountain To Climb » avec ses effets à la guitare et ses questions-réponses avec la basse ? Un riff lourd et sombre vient introduire un excellent refrain pour finir sur un solo aérien avec Wah-Wah de Steve Morris. Une petite perle d’AOR…
Je ne sais pas qui à dit que rien ne ressemble plus à un disque d’AOR qu’un autre disque d’AOR ? Je crois bien que c’est moi en fait. Heartland à au moins le mérite de savoir durer après plus de quinze ans dans le circuit et en proposant quelque chose de bon même après dix albums. Certes Mind Your Head n’atteint pas le niveau de Move On, mais il demeure un des tout meilleurs de la discographie d’Heartland et un sérieux prétendant pour le podium du disque AOR de l’année. (en compétition: Kelly Keagy, le favori, et les outsiders Frederiksen-Denander , Allen-Lande, Pride of Lions et Magnum). Ceux d’entre vous qui avaient apprécié les précédentes moutures, ne vont pas être déçu car Heartland reste dans le sillon qu’il creuse depuis 1991, à savoir un hard FM bien « catchy » comme disent les américains. Pour notre plus grand plaisir.