Fondé par deux "Flamborough Head" et un "Odycisse" (début de la parenthèse Gala - ce dernier étant en l'occurrence le mari de la chanteuse du premier groupe cité – fin de la parenthèse Gala), groupes bien connus de la scène progressive hollandaise, Trion, dont le nom est la contraction de trio et mellotron, se veut un hommage à ce dernier instrument et aux musiques qui l'ont accueilli dans les années "septante". A noter toutefois que le groupe n'utilise pas de Mellotron, mais uniquement des samples de 7 sonorités produites par ce merveilleux instrument. Auteur d'un premier album rapidement oublié pour cause de monotonie avérée, nos amis de l'autre plat pays nous reviennent quatre ans plus tard avec "Pilgrim", nouvel épisode des aventures de la tortue Jemetrion dans, je cite, un monde magnifique plein de questions et de réponses.
Musicalement, le groupe reprend (hélas diront certains), les recettes éprouvées dans "Tortoise" : des morceaux lents, exclusivement instrumentaux, dominés bien entendu par les claviers, et une guitare aux accents tantôt floydiens, tantôt bluesy ou tout simplement acoustiques. Les mélodies peuvent être qualifiées d'obédience camélienne, en plus simpliste toutefois, avec une tendance new-age sur certaines plages.
'Pilgrim' ouvre le bal et plante le décor en distillant dès les premiers accords une magie mélancolique, qui perdurera tout au long de ces 8 premières minutes. Les plages suivantes continueront à développer ces ambiances, et très rapidement la monotonie va s'installer, la faute essentiellement à des tempos peu variés. Je ne pourrais m'empêcher ici de faire un parallèle avec la dernière production de Flamborough Head, "Tales of Imperfection", au sujet de laquelle je formulerais la même critique.
Aussi, même quand un 'The Magnificent Forest' nous offre 2 minutes de prog à la Genesis des seventies, c'est pour mieux retomber ensuite dans cette sempiternelle ambiance certes propice à la détente et la relaxation, mais franchement lassante sur la durée. L'apogée, si l'on peut s'exprimer ainsi, de cet ennui va ainsi être atteinte sur les plages 9 à 12, qui finiront par achever l'auditeur inattentif.
Et ce dernier passera alors à côté d'un formidable epic, 'Franck' qui, tout du long de ses valeureuses 23 minutes, va d'un seul coup d'un seul réconcilier l'auteur frustré de ces lignes avec cet album. Toutes les bonnes recettes du prog instrumental façon Genesis/Camel sont déclinées dans ce morceau. Même la guitare d'Eddie Mulder va finir par s'énerver (doucement quand même), en posant quelques interventions aux sonorités métalliques sur des mélodies qui prennent enfin une dimension intéressante pour le cerveau des amateurs exigeants que nous sommes.
Finalement, après 50 minutes de musique d'intérêt très discutable, Trion finit par sauver la mise avec un titre qui apparaît pourtant quelque peu hors contexte. "Franck" ne tracerait-il alors pas la ligne à suivre pour les prochaines aventures du groupe ? Pour ma part, je ne saurais que trop le conseiller à notre trio.