Depuis les premiers disques de Jean-Michel Jarre, je n'avais plus entendu de musique new age composée par un artiste français. Frédéric Maillet nous livre sa deuxième oeuvre après un "Inlandsis" perfectible sorti en 2005.
Si Tangerine Dream vous laisse froid, si Jarre vous agace, si Klaus Schulze vous irrite, ne tentez même pas une brève écoute de cette "Stratégie Lunaire". Frédéric Maillet avoue son admiration pour les grandes oeuvres de la fin des 70's et la filiation est plus qu'évidente. La musique est entièrement issue de synthétiseur avec tous les risques de froideur et de manque de personnalité que cela comporte.
L'album est composé de deux pièces courtes (entre 5 et 6 minutes), d'une bluette finale de moins de deux minutes (nommée 'Syd' en hommage à un diamant fou ??) et d'une plage de 37 minutes qui en est la composition maîtresse. Les deux titres courts sont très enlevés, très gais, avec un mélange d'inspiration classique qui peut faire penser à Oldfield dans les parties enjouées d'"Amarok". Le 'Syd' final est un clin d'oeil un peu délire underground, aussi déjanté que le probable inspirateur.
'Stratégie Lunaire', composition qui donne son titre à l'album, est construite en plusieurs parties et a la prétention de rivaliser avec les grandes oeuvres monolithiques de Schulze ou Tangerine Dream ("Picture Music", "Rubycon" ou "Ricochet"). Le résultat est bluffant. Frédéric Maillet a l'étoffe des plus grands pour produire une musique riche en mélodies prenantes et plaisantes et en sonorités originales. Il marrie les bruits habituels dans ce genre musical (vent, orage, pluie et autre grincements métalliques) avec des imitations de voix humaines ou d'instruments orientaux.
Pour peu que l'on soit "client" de ce genre musical, le new-age de Frédéric Maillet est plus qu'agréable à écouter. J'y ai retrouvé ce qui me faisait "planer" il y a 25-30 ans chez Tangerine Dream, Klaus Schulze, Ash Ra Tempel et même un certain Burt Alcantara que bien peu de gens doivent connaître. Pourvu que le troisième opus suive la pente ascendante des deux premiers, j'ai hâte de découvrir ce que la maturité pourra apporter à la musique de Maillet !