Un an après le live mythique « Live After Death » arrive le sixième album de Iron Maiden, toujours soudé autour du même line-up. Comme souvent après un album live, le groupe en profite pour évoluer et modifier sensiblement son style.
En effet, on trouve pour la première fois sur cet album des guitares synthées employées de main de maître par l'une des plus belles paires de guitaristes du heavy, Dave Murray et Adrian Smith. De plus, la structure des compos a changé, Steve Harris proposant de longues pièces majestueuses proches du progressif : "The Loneliness Of The Long Distance Runner" en est un bel exemple, permettant aux musiciens de s’exprimer à loisirs. Il en est de même pour "Caught Somewhere In Time", encore plus accrocheuse, facilement mémorisable, et qui ouvrira de ce fait les concerts sur la tournée « Somewhere on tour ».
Sur cet album, la quasi totalité des titres est écrite par Harris et par Smith, ce dernier écrivant les singles : "Wasted Years" est une grande chanson inhabituelle pour le groupe, puissante et mélodique, et "Stranger In A Strange Land", autre tube en puissance, épique, est portée par la voix d’un Dickinson au sommet de son art.
Si Smith écrit des chansons simples et accrocheuses, bâties sur un schéma assez classique, Harris écrit en revanche à la fois les morceaux les plus progressifs et l'un des tubes de l’album, "Heaven Can Wait", classique du groupe qui restera joué en concert plus de 10 ans, en partie pour ses choeurs, peu inspirés sur album mais permettenttant aux fans de rejoindre le groupe sur scène.
Seule exception, "Déjà-Vu", co-écrite par Dave Murray, assez peu inspirée, fait pâle figure sur l'album. En revanche, "Sea Of Madness" est, quant à elle, plus réussie, sans atteindre le niveau d’un "Wasted Years". "Alexander The Great", enfin, devient un grand classique du groupe (même si jamais joué en concert, à part un extrait a cappella en Grèce en 2000) ; épique, puissant et complexe, ce morceau clôt l’album de manière somptueuse.
On notera enfin la pochette absolument magnifique de Derek Riggs qui représente un Eddie du futur dans un décor comprenant de très nombreuses références aux titres anciens du groupe et à des lieux importants dans l’histoire du groupe.
Bien que parfois pompeux (notamment sur "The Loneliness"), cet album reste assez grandiose et superbement produit par Martin Birch (Blue Öyster Cult, Black Sabbath, Deep Purple et ne travaillant plus que pour Maiden depuis quelques années), qui donne au disque un son très clair et puissant. Maiden s’éloigne ainsi des critères de l’époque, nettement plus brutaux tels "Reign In Blood" de Slayer ou "Master Of Puppets" de Metallica, et doit se frotter à de fortes critiques de certains de ses fans qui regrettent le ton plus dur des albums précédents. Cela n’empêche cependant pas le groupe de gagner du terrain et des fans.