Mike Patton fait réellement parti de ses artistes pour lesquels la fréquence de sortie d'album se compte en année. C'est à partir de 2000 que Patton commence à composer pour Peeping Tom, mais du fait d'un calendrier trop chargé, il devra laissé de côté son projet. Enfin et six ans plus tard, Patton sortira cet éponyme sous son label Ipecac, entouré de son groupe pour l'occasion Dub Trio ainsi qu'un chapelet de guest stars invitées à pousser la chansonnette ou à composer avec le maître.
Ce sont donc des "duos" avec des invités tels que Bebel Gilberto, Norah Jones, le DJ Amon Tobin ou Massive Attack pour les plus connus, que nous propose tout au long de ces onze titres le "Patton sound system". Et ce sera dans un registre plutôt (d)étonnant qu'interviendra Mike Patton dans ce maelström de tempos cool et balancés.
Beaucoup moins axés rock que Faith No More ou Tomahawk, mais plutôt empreints de rythmes chaloupés à l'image de la pochette évoquant plage et cocktails, ou du moins 'California' de Mr Bungle, les titres s'étirent entre sonorités bossa nova ("Caipirinha"), saccades rapées ("Getaway"), ambients façon 'Massive Attack' ("Kill The dj"), et trip electro avec un certain raffinement ("How U Feelin?" ou encore "Celebrity Death Match" featuring Kid Koala DJ scratcheur mondialement reconnu au même titre qu'Amon Tobin). D'autres plages sont plus familières du répertoire de Patton et de son affection pour le rock ("You're Not Alone" , "Mojo" et ses guitares hispanisantes sur fonds de human beat box de Rahzel ancien membre de The Roots ou "Five Seconds" au refrain dynamité de rock et de folie douce bungléenne) D'autres titres restent par contre plutôt étrangement maigres en rapport à l'artiste apportant sa collaboration comme "Don't Even Trip" avec Amon Tobin, et "Sucker" que Norah Jones entonne singulièrement à contre rôle.
Les morceaux de Peeping Tom apportent sans équivoque un rafraîchissement bien agréable, une certaine nonchalance et une variété très "cosmopolite" dans les genres musicaux évoqués.
On est bien loin du thriller psychologique du même nom sorti dans les années 60. Reste que le niveau des chansons est plutôt disparate, bien qu'aucune ne soit foncièrement mauvaise loin de là, et, je le confirme, elles prennent tout leur sens lors d'un concert.