A lire la biographie de Big Boy, c'est à se demander s'il ne s'amuse pas à nous mener dans un univers plus proche du tragi-comique que de la réalité purement euclidienne. Il faut dire que ce jeune suédois habitant en Allemagne n'y va pas de main morte pour raconter l'origine du groupe et ses intentions, sans savoir ce qui tient du vrai comme du faux. Ainsi une nuit, alors qu'il faisait un petit séjour dans un hôpital psychiatrique (à la suite d'un traumatisme mental causé par deux années mal supportées dans la légion étrangère française), Freddy Mercury lui est apparu dans l'un de ses rêves et lui ordonna de créer le groupe de rock le plus déjanté que le monde est connu. Rien que ça !
Mais si le leader de Queen a pu lui donner l'impulsion, c'est plus du côté de Marilyn Manson, Alice Cooper ou encore Mötley Crue qu'il faut chercher un héritage à la fois musical (un glam rock aux relents de gothique) et visuel.
Après un titre introductif autobiographique (dirons-nous) exposant en français la genèse de Big Boy sur fonds d'une musique de Peplum, l'album navigue entre titres assez catchy plus la plupart (comme "Get over It" dont l'intro rappelle "I love Rock'n Roll" de Joan Jett) ou des plages plus théâtrales ("On Good Reason"). C'est notamment lorsque les guitares se font agressives que l'influence de Marilyn Manson se fait la plus ressentir sur les mélodies comme sur l'interprétation. Les voix sur "Hail The Big Boy" sont d'ailleurs saisissantes de ressemblance avec Manson. D'un autre côté, une fois que les guitares se sont calmées, le sens tragique de la musique prend alors très vite des airs de sensiblerie : le duo piano- voix susurrée sur "Let The Dead Bury Their Own Dead" rythmé par un respirateur artificiel et électro-cardiogramme interroge sur les limites musicales fixées par Big Boy entre sérieux et dérision. Le dernier acte "Give up" est du même acabit bien que beaucoup plus sobre : guitare, contrebasse et voix pour un titre plus sombre.
Pas mauvais sans être bon, "Hail to Big Boy" possède au moins l'avantage de mêler énergie entraînante et refrains souvent accrocheurs même si les titres ont tendance à être sensiblement répétitifs et dans une moindre mesure à s'essouffler au fil de l'album. Et sans être fédérateur, il fera sans doute le bonheur de certains amateurs du genre où le kitch côtoie sans honte une certaine démesure.