Je ne m'en cache pas : les groupes italiens m'ennuient. Il y a des groupes transalpins qui remportent tous les suffrages, au premier desquels le fameux "The Watch", et j'ai beau essayer de comprendre, ça ne le fait pas. Et quand D.F.A. est arrivé dans la boite aux lettres de MW, c'est plus l'étiquette jazz-rock qui m'a poussé à écouter l'objet que sa provenance.
D.F.A. est donc un groupe italien fondé en 1990 et officiant dans un jazz-rock essentiellement instrumental et flirtant de temps à autre avec d'autres styles tels le rock progressif ou le Space Rock psychédélique à la Ozric Tentacles. Que les fans de ces deux derniers styles se calment quand même, les incursions dans ces contrées sont relativement courtes et l'impression générale qui se dégage de l'objet reste celle d'un groupe puisant plutôt ses sources sur les mêmes hauts plateaux que Mahavishnu Orchestra.
L'album dont il est question aujourd'hui, "Kaleidoscope", est en fait la réédition en double album de "Lavori In Corso" et de "Duty Free Area", sortis respectivement en 1996 et 1999. Cette réédition est agrémentée de quelques titres bonus capturés en live et représentant des témoins plus qu'honorables des capacités scéniques des 4 compères.
Musicalement parlant, on retiendra deux aspects majeurs : le réel bonheur éprouvé par l'auditeur sur les plages instrumentales, heureusement majoritaires, et la gêne, certes légère mais bien présente, sur les passages chantés.
C'est curieux comme certains groupes, paraissant conscients de la faiblesse de leur chant, ne l'utilisent que de façon parcimonieuse sans pour autant le supprimer totalement. Et D.F.A. en est un exemple flagrant : quand on est capable d'une telle qualité harmonique, d'une telle imagination en matière de composition et d'interprétation, quel besoin de rajouter du chant sans le maîtriser et donc de gâcher une partie de son répertoire ?
Car lorsqu'on entend un morceau comme "Space Ace Man", par exemple, avec son intro purement progressive suivie de sa rythmique entêtante et malgré tout fabuleusement complexe en support d'une guitare incisive à souhait, on se sent soulagé que l'idée de rajouter du chant par dessus ce petit chef-d'oeuvre n'ait pas pointé dans l'esprit de ces talentueux musiciens. De même pour le génial et très "Ozriciens" morceau "Escher" qui débute magistralement le second CD de cette réédition.
Du coup, en comparaison, un morceau comme "Caleidoscopio", pourtant de qualité du point de vue de la composition, fait bien pâle figure car souffrant trop d'un chant approximatif.
Cette réédition m'aura donc permis de découvrir un groupe que je n'aurai certainement pas cherché à rencontrer, avouons-le humblement, si cette occasion ne s'était pas présentée. Et la surprise est très bonne, même si elle n'est pas exempte de légères déceptions.
Je ne saurai donc qu'encourager tous ceux qui apprécient jazz et space rock à se pencher sur le cas D.F.A.
Quant aux afficionados du rock progressif à la Arena ou Clepsydra, les clins d'oeil à ces deux formations, s'ils existent bien, sont tellement discrets qu'ils ne justifient certainement pas de s'y intéresser trop sérieusement.