Si on en croit les ondes radios et les couvertures de magazines destinés aux moins de 18 ans, le rock est à la mode, et les ados aiment ça.
En effet plus proche des valeurs de "rock sound" ( bon magazine cela dit ) que de "hard and heavy", Madina Lake ne fait qu'emboiter le pas aux groupes les plus en vogue du moment, très appréciés du jeune public pour leurs esprits rebelles, leurs influences punk et leurs coiffures destructurées...
Madina Lake est un nom qui sonne plutôt bien, à la fois nom de scène et d'une ville imaginée par leur fondateur, pour les besoins du concept album. C'est grâce au gain d'une émission de télé réalité un poil sado-maso que les frangins initiateurs du groupe ont pu mettre leur projet sur pied. Autant le dire tout de suite, ce groupe avait l'odeur du succès avant même d'en avoir le goût.
La pub étant déjà assurée, il ne restait plus qu'à vendre le produit, aidés en cela par Roadrunner ( sepultura ) et produits par Mark Trombino ( Blink182 ).
Le talent du chanteur et la relative efficacité des compos aidant, les musiciens ont pu lancer leur premier album dans d'excellentes conditions : un label de poids, une réputation dèjà acquise, de nombreux pré-concerts en sold-out, et la magie d'internet ( des forums à leur sujet par dizaines ). Il y a pire pour débuter.
Madina Lake, c'est donc un melting pot d'influences contemporaines: Le chant oscille entre la noirceur et les toumentes de Muse, l'énervement et les revendications de Marylin Manson, la punk attitude de Blink 182 ou de Green day, et la pêche des barjots de The Hives. Quelques touches instrumentales et electroniques font également penser à Radiohead comme en témoigne le tout premier titre " the auspice ".
Ces touches d'originalité sont également présentes dans les breaks de certaines chansons: "Now or never" et "true love" sont ainsi affublés de breaks instrumentaux d'une volontaire noirceur comme pour souligner leur côté "émo".
Certaines chansons sont mélodiquement réussies, mais ce sont paradoxalement les moins originales: Guitare rythmique et basse mises en avant, "one last kiss", "pandora" les populaires "house of cards" et "here i stand" sont d'assez bons représentants du néo punk sauce MTV habituellement distillé par Green day, Goldfinger et autre Weezer. Pas révolutionnaire mais efficaces ces titres feront le bonheur des moins exigeants et probablement des plus jeunes.
Pour les plus gothiques ou fans d'émo, "river people" et "morning sadness" sont mélancoliques à souhait.
Ce sont avant tout les textes qui se veulent fédérateurs, du moins pour une jeunesse américaine qui peine à trouver de vraies valeur à son pays. Adolescence désenchantée, angoisse et crise identitaire sont les thèmes principaux de ce premier album qui, s'il ne met pas le coeur en fête, a au moins le mérite de s'adresser intelligemment à son public.
La production est carrée, comme souvent dans ce style, privilégiant la basse sur la lead guitare, les solos étant par ailleurs totalement absents. La rythmique est redondante, comme les mélodies qui jouent toujours sur les mêmes tons. L'album peut donc paraître difficile à digerer en une fois, surtout quand on n'est pas polyglote !
Finalement cet album a quelques qualités, son seul défaut étant de n'avoir que peu de lien avec le métal, le hard rock ou le progressif. Cela dit, il trouvera probablement son public dans les lignes de Super magazine, aux côtés de Tokio Hotel.