‘d-zAkord’ est la dernière variation évolutive du projet musical mené par le bassiste bordelais Erik Baron. En substance, ce projet se veut être une sorte de chœur de guitares et basses mis en scène par des archets, e-Bow et tout instrument ou outil pouvant provoquer un frottement ou sonorité intéressants. Le côté expérimental est donc bien présent dans cette œuvre qui constitue le troisième jet de ce collectif et trouve sa sève dans la reprise de l’œuvre ‘De Futura - Hiroshima’ de Jannick Top, matérialisée par Magma sur son album "Udu Wudu" en 1976.
Pour cela, on ne compte pas moins de quatre bassistes, quatre guitaristes et un batteur : un line-up très singulier, nécessaire à la production d’une musique toute aussi singulière aux accents plutôt expérimentaux, que l’on qualifie vraisemblablement de ‘zeuhl’ dans les milieux autorisés (dont je ne fais pas partie, soit dit en passant).
Après de multiples écoutes, nécessaires pour capter l’esprit qui se dégage de l’album, celui-ci fait drôlement penser à l’ADN. Pourquoi cette comparaison me direz-vous ? Et bien, certains d’entre vous savent sûrement qu’une des particularités de l’ADN, est qu’elle se compose de près de 98% d’ADN poubelle, c'est-à-dire d’ADN qui ne contient pas d’information génétique utile… Le caractère péjoratif mis à part (l’attribut ‘poubelle’ dont je ne me permettrais pas de qualifier quelque musique que ce soit), cet album fait donc penser à l’ADN car une grande proportion du temps d’écoute ne contient finalement pas beaucoup d’information musicale "utile" (sans aller, heureusement, jusqu’à la proportion de 98% rencontrée dans le cas de l’ADN), à la manière de l’ADN poubelle…
Répétitivité hypnotique, sons monocordes, longs bruitages : beaucoup de temps non musical est développé sur cette galette. Ces passages doivent sûrement produire leur petit effet sur scène, avec la spécificité du line-up et des méthodes de jeu utilisées, mais là, avec mes seules oreilles, cela laisse en grande partie insensible ! Il n’y a guère que les deux parties de ‘De Futura’ qui se rapprochent le plus de ce qu’est une partie musicale (ce qui représente un total de près d’une demi-heure). Et c’est plutôt intéressant.
L’album commence donc par une longue plage d’ambiance, assez oppressante avec des boucles hypnotiques qui se succèdent avant qu’interviennent des percussions appuyées par des basses, un peu à la manière des tambours du Bronx (pourquoi pas). Sans grand intérêt musical cependant…
Les seuls morceaux qui trouvent un intérêt à mes oreilles sont finalement ‘De Futura #1’ avec sa mise en place parfois décalé et son final avec des basses lourdes (faisant penser à la musique inquiétante des dents de la mer) et ‘De Futura #2’.
‘Le Drone du Milieu’ se révèle être quasiment une seule note qui évolue légèrement à la manière d’un larsen pendant plus de quatre minutes, enrichie par des effets subtils de toutes sortes… Il est difficile d’y trouver la moindre musicalité.
On revient ensuite vers quelque chose de plus musical avec la seconde partie de ‘De Futura’ et son groove de départ qui rappelle aussi, de manière pesante, l’approche des squales. Le tempo s’accélérant, l’adjonction d’une petite rythmique de guitare et d’autres voix de cordes donnent ensuite de l’épaisseur au thème qui tourne ainsi en boucle de manière cyclique et se laisse saupoudrer de bruitages désaccordés. En fermeture, on retrouvera le thème de départ de la première partie de ‘De Futura’.
L’album se clôture sur un ‘Profundis’ qui remet le couvert sur plus de deux minutes de passage où l’on n’entend qu’un bruit de fond. Ce presque long silence, vient encore renforcer l’idée d’ADN poubelle, développée plus haut. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas l’intérêt de mettre plusieurs minutes de silence sur un album.
Après réflexion, les trois titres proposés en plus des deux parties de ‘De Futura’ n’ont d’intérêt que celui d’apporter un peu d’épaisseur aux deux parties de ‘De Futura’, notamment en préparant leur entrée, les séparant et marquant leur transition puis en les clôturant.
Etant peu aguerri à ce type de musique, je ne l’aborde donc que sous le regard, ou plutôt l’ouie, de la musicalité… Peut-être que cette œuvre trouvera plus d’intérêt aux oreilles d’un public plus averti, plus connaisseur de sa signification profonde, de sa technicité, peut-être de sa valeur pseudo-intellectuelle (mais j’ai beau chercher, je ne vois pas). Il est sans nul doute probable que cette œuvre doit gagner en intérêt quand elle est jouée sur scène, ne serait-ce que pour la dimension scénique que le line-up confère ; mais j’ajouterais que cela fait beaucoup de musiciens et d’instruments pour finalement pas grand chose… Mais ça n’engage que moi !