La parallaxe est l'incidence du changement de position de l'observateur sur l'observation d'un objet… Je comprends mieux maintenant… Ces Bordelais ont donc décidé d’observer Liquid Tension Experiment sous toutes ses coutures avant de se mettre au turbin et on ne peut que constater que l’objet a été correctement étudié… Amateurs de textes bien sentis, passez votre chemin, nous avons ici affaire à de l’instrumental, que de l’instrumental, rien que de l’instrumental.
Le groupe est né en 2000, et après un 6 titres éponyme et quelques concerts où ils écument particulièrement la région Bordelaise, voilà que sort dans les bacs leur première œuvre de poids. Pensez donc, quasiment une heure de son au programme, ça cale la dent creuse. Ce quatuor de l’ouest compte dans ses rangs une gente dame répondant au doux prénom de Béa, "béa" comme béatitude quand elle se pâme devant les doigts agiles de son (et nôtre) bassiste asiatique préféré, le bien nommé John Myung. Elle sait groover et être agressive, chapeau Mademoiselle !
Les mâles du groupe se réclament également de la bande du Théâtre et ça se sent (on pense aussi parfois à Symphony X ou à Andromeda). Les compos sont longues, alambiquées et souvent mélodieuses. Elles lorgnent fréquemment du côté de la musique de film (rappelez-moi le titre de l’album ?...Ha oui « Soundtrack »…CQFD) et peuvent être classées dans la catégorie Prog Instrumental (et dans un sous-groupe « Cinématographique », pourrait-on avancer).
La qualité technique est au rendez-vous - ce qui ne tombe pas forcément sous le sens tant ce style compte de pseudo virtuoses se "réclamant de.." mais ne leur arrivant pas à la cheville - elle laisse ici fréquemment pantois. C’est notamment probant du côté de la guitare qui emprunte à l’ami Petrucci ses chorus endiablés sans pour cela oublier de nous gratifier d’un travail rythmique tout en boucles et arpèges.
L’homme au clavier, de formation classique, n’est pas en reste ; il aime à guerroyer avec son frère d’armes à la six cordes et sa technique est remarquable. Il sait voyager des rivages baignés de douces mélopées vers des contrées parfumées de musique classique et se laisser porter en direction de provinces peuplées de sonorités plus acides (les moins satisfaisantes en terme mélodique à mon goût).
Il reste toutefois au groupe à digérer ses influences marquées et à moins assener de manière systématique l’étalement des techniques irréprochables de chacun de ses membres, l’apport d’un chanteur pouvant très certainement pallier ce léger problème. Nous sommes tout de même ici en présence d’une curiosité, la France n’étant pas forcément une grande génitrice de groupes de ce calibre naviguant dans ce domaine musical. Alors, si vous vibrez aux sons de LTE, procurez-vous ce squeud les oreilles fermées, sans hésiter aucunement.