Ce groupe formé à Melbourne en 2001 est passé par plusieurs étapes avant de se forger une véritable personnalité.
Sous diverses appellations avortées (Kymera, Arkaya puis finalement Black Majesty), chacun des membres revendique son appartenance au mouvement Métal et le fait savoir dans chacune de ses compositions.
Révélés par un premier album sorti en 2002 ("The sand of time"), les musiciens ont pu compter dès leurs débuts sur la participation d'éminents spécialistes du genre : Silvio Massaro de Vanishing Point pour ce premier album, ou encore Piet Sielk d'Iron Savior pour "Silent company", sorti en 2005, leur ont en effet prété main forte, ce qui rassure quant à la qualité de la musique proposée.
Après une courte tournée Européenne aux cotés de DragonForce (les speedy-gonzales de la musique), Black Majesty sort de sa tutelle et pond un troisième album plus personnel intitulé Tomorrowland.
Plus personnel, mais sans réelle personnalité, voilà le paradoxe de Tomorrowland.
Le troisième album est souvent considéré comme celui de la maturité. Comme des grands, les membres du groupe se lancent alors dans la bataille sans guest star, avec conviction et experience à l'appui (tous ayant déjà oeuvré dans de nombreux groupes par le passé). Mais les influences sont bel et bien là, et elles se font ressentir à chaque note, chaque vocalise, chaque coup de baguette.
D'Iron Maiden à Helloween, tout y passe, mais c'est tellement joué avec sérieux et professionnalisme qu'on ne peut qu'adhérer. Les dix titres s'enchainent vite, reprenant des structures classiques et efficaces. Malgré quelques titres un peu désordonnés ("Another dawn" qui manque de fil conducteur et "Wings to fly" un peu trop cliché), Tomorrowland est un bon reflet du speed métal meilleur jus. La majeure partie des titres débute par une intro de 30 secondes à une minute, à la manière d'Iron Savior, et prend fin brutalement pour ne laisser aucun répis.
La voix de John Cavalière est puissante, plutôt grave, assez proche de celle de Bruce Dickinson mais pas toujours aussi juste. Certains titres sonnent même un peu faux ("Evil in your eyes" sur les couplets) mais ces légers défauts sont vite éclipsés par de surprenantes poussées vocales (notament sur la fin d' "Into the back" et du titre éponyme "Tomorrowland") et par la reprise un ton au dessus du thème de "Scars".
Les bonnes surprises sont à rechercher dans les solos de guitare, toujours très référencés (on pense au jeu d'Helloween) mais diablement efficaces. Les harmonies sont réussies, les mélodies coulent de source, Hanny Mohamed et steve Janevki font preuve d'une grande maîtrise, pour notre plus grand bonheur. Même s'ils sont un peu longs parfois ("into the back"), ces solos insufflent beaucoup d'energie aux compositions, les plus pêchus étant peut être ceux de "Faces of war" et de "Forever damned".
Le clavier est la plupart du temps absent, ou très discret, le titre "tomorrowland" étant l'exception qui confirme la règle. Il en est de même pour les choeurs qui se résument à la voix doublée par le chanteur lui même. Ces détails confirment la volonté du groupe de laisser la part belle à une musique plus heavy.
Pas d'instrumental non plus, mais un cover tout de même: "Soldiers of fortune" de Deep Purple repris à la sauce power-ballade, pas désagréable, mais pas utile non plus.
Les amateurs de speed à la recherche de nouveauté n'y trouveront peut-être rien de convainquant, mais ceux qui ne désirent qu'un peu de peps et de bon son pourront s'approprier ce dernier Black Majesty les yeux fermés.