Dimension est une formation mexicaine qui a vu le jour en 1999 sous l’impulsion de David Quicho, leader charismatique officiant au chant et la guitare et entouré de trois talentueux musiciens venant finaliser la composition de son groupe. Cinq ans après la sortie du premier album intitulé «Universal», la formation fait son retour discographique avec «Ego», toujours sous la coupe du dynamique label «Nightmare Records». Côté scène, Dimension a assuré les premières parties de groupes tels que Dokken, Evergrey ou encore Anthrax lors de leurs tournées respectives au Mexique.
«Ego» propose 70 minutes de musique au travers de 10 morceaux construits sur des structures complexes et alambiquées, où se mêlent très adroitement des refrains mélodieux ponctués de breaks subtilement placés. L’appellation métal progressif prend tout son sens, tant le niveau technique de la formation, porté par le talentueux compositeur et chanteur/guitariste, est probant au fil des écoutes de cette production.
Même si l’ombre de Dream Theatre plane par moment autour des compositions, Dimension sait faire preuve d’une maturité suffisante et d’une clairvoyance non dissimulée pour éviter de tomber dans les travers de l’imitation pure et simple.
Le groupe n’hésite pas à ouvrir «Tree Of Conscience» à cappella, suivi d’un riff brut et entêtant, laissant immédiatement augurer un enchaînement de sonorités alliant raffinement et vigueur. C’est effectivement dans ce sens qu’évolue ce titre, gratifié d’un solo abondant de feeling et de technique.
L’approche mélodique sur fond de riff accrocheur se confirme avec «Ancient Song». Ce morceau énergique rebondit dans une ambiance feutrée au moment d’aborder le refrain, toujours illuminé par les interventions du guitariste et du claviériste, visiblement très en phase. Dimension maintient le cap avec toujours en toile de fond le soucis d’influer à «Freedom Land» un savant dosage d’énergie et de finesse. «Life» fait l’apologie du tempo lourd, tournant essentiellement autour de la guitare toujours aussi prolixe de Sieur Quicho. L’inspiration ne semble pas se dérober, surtout après l’écoute de «Dreams», d’où se dégage un fort parfum seventies résultant d’une interprétation planante et mélancolique.
La pièce maîtresse de l’album, au titre éponyme, ne laisse plus aucun doute de la maîtrise du groupe en terme de composition. Bâti en trois parties, «Ego» passe en revue toutes les facettes et les ficelles permettant de tenir l’auditeur en haleine pendant 20 minutes, tout en évitant soigneusement un remplissage aussi inutile que futile. Les nappes de claviers toutes en nuances soutiennent efficacement la six cordes qui tient encore une fois le haut du pavé en agrémentant ce long titre de passages vigoureux et beaucoup plus calmes. Toute la maestria de David Quicho se fait de nouveau ressentir, tant sur le plan de la construction que de l’interprétation. L’album se termine par « Egoman», un titre acoustique baigné de sensibilité.
Ce deuxième opus s’impose comme une réussite, avec toutefois une production qui souffre de quelques carences, notamment au niveau des arrangements. D’autre part, même si les qualités vocales dont fait preuve David Quicho sont relativement limitées, elles s’intègrent dignement à l’ensemble.
Ces petites ombres au tableau n’altèrent en rien la qualité des compositions. Avec «Ego», Dimension peut prétendre à une renommée internationale. Reste cependant à son leader incontesté et incontestable de ne pas succomber à la tentation de sombrer dans les méandres de son propre ego, qui semble tout de même fort, voir surdimensionné.