Trois ans après « The Glorious Burden », les américains de Iced Earth nous livrent leur nouveau rejeton intitulé « Framing Armageddon ». Remémorons-nous rapidement la petite anecdote qui ébranla le groupe lors de l’enregistrement de « The Glorious Burden » : Matthew Barlow qui officiait comme chanteur depuis 1995 et Burnt Offerings quitta Iced Earth en plein enregistrement pour devenir policier abandonnant ainsi le monde du heavy métal. (Ce dernier s’est ensuite ravisé en intégrant le groupe Pyramaze en 2007). John Schaffer, guitariste et leader incontesté du groupe, fut ainsi obligé d’embaucher en urgence un nouveau chanteur en la personne de Tim Owens, ex chanteur de Judas Priest. Il faut avouer qu’au vu des circonstances, Glorious Burden était un album relativement honnête - avec un Gettysburg de 30 minutes absolument imparable – mais en deçà des disques précédents du groupe en raison notamment de la prestation de Owens qui avait encore trop tendance à accumuler les tics de chant à la Rob Halford.
On pouvait alors se demander si ce line-up allait tenir. Mais au fur et à mesure des concerts, le duo Owens-Schaffer s’est consolidé et c’est bien lui que l’on retrouve logiquement au chant sur ce nouvel album. Le reste du line-up du groupe reste toujours très évolutif selon les humeurs de son leader.
Très en confiance, John Schaffer a finalement réussi à donner corps à un projet qu’il avait depuis presque 10 ans et qu’il repoussait suite à divers problèmes dont cette fameuse formation et ses rapports conflictuels avec les labels. Schaffer avait en effet en tête de reprendre une partie de l’histoire de son album le plus réussi, « Something wicked this way come » (1998). C’est chose faite avec « Framing Armageddon », premier volet d’un diptyque intitulé « Something Wicked », le deuxième étant prévu pour Janvier 2008 sous le titre de « Revelation Abomination ».
Schaffer reprend donc son récit intitulé Something Wicked qui se composait à l’époque de trois morceaux, Prophecy, Birth of the wicked et The coming curse et va le développer. Pour résumer, l’histoire parle du peuple Sétian qui s’est fait massacrer par les humains plusieurs milliers d’années avant et qui prépare sa vengeance dans l’ombre.
Iced Earth propose ici un album heavy très ambitieux et assez difficile d’accès lors des premières écoutes même si le ton se veut dans l’ensemble moins sombre et thrash que sur les galettes précédentes. La formation navigue cette année entre ambiances heavy et passages plus calmes. Ces derniers sont soutenus par des interludes donnant un aspect particulier à la musique en instaurant un climat assez pesant à l’image du premier titre Overture ou de Invasion.
Malgré un découpage en 19 pistes dont ces fameuses interludes, l’œuvre présente un ensemble très homogène et ressortir des titres au premier abord n’est pas chose aisée. C’est au fur et à mesure des écoutes, après s’être bien imprégné de l’histoire, que certains morceaux se détachent. Le premier d’entre eux est sans conteste le single « Ten thousand strong » au refrain énorme qui se démarque du reste d’un album un peu plus nuancé par son coté ultra heavy. Il est notamment porté par un Owens en pleine forme qui a su s’imposer et se fondre complètement dans Iced Earth. Faisant oublier sa prestation en demi-teinte de Glorious Burden, il semble s’être impliqué à 100% dans ce disque en donnant le meilleur de lui-même. Par la suite, on retiendra un excellent « Something wicked part 1 », avec un Owens toujours aussi convaincant dans les parties plus lyriques, qui balance entre heavy et épique. Le plus calme « A charge to keep », avec des chœurs très efficaces, présente un Schaffer ayant un peu fait évoluer son jeu pour le plus grand bien du groupe.
Bien sur, comme sur chaque disque d’Iced Earth, on retrouve une longue pièce épique - ici « The Clouding » - qui une nouvelle fois s’avère être une totale réussite avec une guitare acoustique puis une accélération bien heavy. La fin de l’album présente aussi quelques bons titres, dont « Retribution through the ages » ou « The Domino Decree » amenant l’auditeur tranquillement vers la prochaine deuxième partie en abordant dans l’histoire la naissance de celui qui vengera le peuple Setian.
Si le risque de tomber dans le ridicule et le pompeux était grand, Schaffer, par son sens de la mélodie et du riff, s’en est sorti avec un certain brio. Iced Earth signe donc son meilleur album depuis bien longtemps en retrouvant son inspiration et son envie et l’on attend à présent la suite avec impatience. Et comme l’histoire le laisse présager, on peut s’attendre à un disque nettement plus sombre que ce premier volet.