La scène de cette histoire se situe du côté du Toulouse. Les personnages de cette aventure rapprochés par une certaine idée de leur propre musique débutèrent officiellement leur collaboration par un album auto-produit en 2004. S'ensuivirent divers changements au niveau du combo, jusqu'à accoucher de "Mad Kind" trois ans plus tard. Epris manifestement de musiques lourdes et progressives, il résultera de leur appropriation du genre une synthèse musclée et technique extirpée d'un esprit semble-t-il sombre et perturbé.
La musique d'Exhope n'est d'ailleurs pas du genre à se laisser amadouer avec son aspect technique abondant de breaks acérés engendrant des structures complexes et alambiquées. Les alternances de passages calmes et belliqueux à la fois au niveau des guitares et du chant de Serge Laubary – qui doublera la performance par une interprétation des textes en anglais voire en français sur "Lament" - permettent de maintenir une certaine multiformité à l'ensemble, laissant par là même le temps de prendre une respiration entre deux moments d'agitation.
Cependant, malgré cette propension à tenter la pluralité, les neufs titres semblent ne former qu'un bloc trop homogène, sans que l'un d'entre eux puisse avantageusement se démarquer des autres. Et malgré des guitares aux riffs chirurgicaux, un chant convaincant agréablement ré-haussé d'une tessiture avenante, les mélodies d'Exhope demeurent inexorablement ternes, et la recherche d'un quelconque refrain ne serait souvent que vaine perte de temps ce qui est malheureusement dommageable compte tenu du potentiel technique du quartet.
Certains titres arrivent néanmoins à tirer leur épingle du jeu, et à susciter un intérêt plus aiguisé. Il faudra par contre attendre la fin de l'album et "Breach of Trust" pour arriver à ses fins. Sur une base mêlant lourdeur et rythmiques saccadés, le guitariste gratifie le titre d'un solo rappelant, excusez du peu, un Petrucci sur "Home". "Season of Mist", qui suit, reste dans des schémas de progressivité impressionnants et constitue sans doute le meilleur morceau de "Mad Kind".
Au final, c'est sur une impression de regret que s'achève l'album, mais pour des raisons évidentes, peut-être à cause d'un manque d'originalité mais surtout d'une tendance à perpétrer des formats apparaissant répétitifs à la longue. A force de penser en termes de technique et de complexité, toutes spectaculaires qu'elles soient, "Exhope" en oublierait presque d'apporter la touche personnelle qui leur permettrait de se démarquer de la cohorte de formations d'anatomie musicale analogue. Pourtant, et ce grâce à une production brute mais impeccable mettant en valeur la virtuosité de tous les musiciens, les espoirs seront permis quant à leur prochaine production.