'Strangefolk' signe le retour très attendu des londoniens depuis 'Peasants, Pigs & Astronauts', paru quelques huit ans auparavant. Les membres avaient décidé de mettre fin à leur collaboration à la suite de tensions internes ainsi que du relatif échec commercial de leur second et précédent album.
Après une si longue période, les spéculations quant à une certaine évolution musicale pourraient être légitimes, mais l'écoute de 'Strangefolk' pourra rassurer sur la fidélité de Kula Shaker à ses premières influences musicales. Et même si les sonorités indiennes qui imprégnaient 'K' et 'Peasants, Pigs & Astronauts' sont beaucoup moins mises en avant – à peine entend-on des chœurs sur "Song Of Lovenarayana" - l'identité musicale des dandies anglais reste toujours bien présente. L'énergie et l'engouement avec lesquels semblent jouer le quartet, à l'instar du chant de Crispian Mills, permettent également d'évaluer la sincérité d'une telle re-formation.
L'univers particulier de 'Kula Shaker' mêlant mélodies veloutées et psychédélisme parfume les treize titres de 'Strangefolk'. Les guitares apparaissent légères, enjouées ou plus incisives mais toujours adoucies par la présence des orgues d'Harry BroadBent et sporadiquement par celle d'une harpe ou de cuivres. Alors que certains titres s'emploient à faire vivre un rock'n roll virevoltant ("6ft Down Blues" rappelant la puissance de "Grateful When You're Dead" sur 'K', le retro "Super Cb Operator"), d'autres dévoilent un fort potentiel émotionnel ("Die For Love" ou "Shadowlands").
Les influences du groupe se révèlent également au fil de l'album lorsque l'ombre de Bob Dylan traverse "Hurricane Season" tandis que l'ambiance se fait douce et sombre sur "Dr Kitt" comme le fut "This is the End" des Doors.
A l'image de la pochette, la musique de 'Kula Shaker' dénote un raffinement remarquable et démontre aussi un travail d'une qualité rare du même standing que ses prédécesseurs. Entre rythmes chatoyants et endiablés, 'Strangefolk' arbore une classe magnifique et justifie pleinement le come-back des quatre britanniques.