Osiris est un groupe pour le moins atypique. Originaires du Moyen-Orient (Barheïn), nos musiciens officient dans un style néo-progressif, chose assez rare dans la région (le néo-progressif est déjà si peu représenté en Europe qu’il est légitime de s’étonner de la provenance de cette galette). Ils avaient déjà sorti 3 CD dans les années ’80 et étaient en silence radio depuis lors… L’absence fut propice à l’écriture de ce "Visions From The Past" qui, brisons le suspense tout de suite, est plutôt réussi.
Leurs influences sont multiples. Tantôt c’est du Marillion qui s’invite dans les parties de claviers et batterie, tantôt ce sont les rythmes orientaux du pays qui recouvrent l’ensemble pour lui donner une dimension différente. C’est par exemple le cas de la suite "As We Begin" qui lorgne sur du Marillion à l’époque de Fish et de "A New Day" qui récupère la tonalité envoûtante des pays d’Orient.
L’album se décline sur quatre morceaux où le chanteur récite sobrement un poème dans sa langue natale. Chaque vers comporte une pièce majeure de 5 à 7 minutes, laissant l’espace nécessaire aux musiciens pour dévoiler le fruit qui aura muri tout au long de ces 20 années d’absence.
Le "Verse One : Days Gone By" laisse s’échapper les claviers de l’excellent "It Is Time". Un début de claviers planants à la Marillion, le tout s’accélère lentement jusqu’à son paroxysme, pour finalement retomber lentement et laisser place au solo de guitare qui introduira le "Verse Two : Winds of Change".
L’album se poursuit en mêlant, avec la précision d’un orfèvre penché sur son travail, subtilement le vent chaud d’Orient aux tons frais et innovant du rock néo-progressif tel que nous le connaissons. La fin tombe comme le couperet avec le morceau de 11 minutes "Finally (I. Mayhem – II.)". Il synthétise tout ce que je vous raconte depuis le début de cette chronique. De la poésie des mots à la maturité des compositions, la fin est arrivée si vite qu’une deuxième, puis une troisième écoute s’imposent pour rester encore un peu sous le charme de ce surprenant album.
L’ensemble est bien pensé. Il y a cette touche d’originalité apportée par les guitares "à l’orientale" qui marquent de leur empreinte "We Will Stop For No-One". L’album n’aurait, cependant, pas pu autant me convaincre s’il n’y avait pas eu ce rattachement au néo-prog des années ’80 qui fît les beaux jours des groupes comme Marillion, Pendragon et autres. Bref, Osiris apporte avec brio de la nouveauté dans ce genre de musique qui n’attire plus beaucoup d’oreilles... Et avec de telles galettes, c'est bien dommage.