Prong est de retour avec un nouvel album, Power Of The Damager, 4 ans après Scorpio Rising qui avait vu le retour du groupe suite à quelques années de silence, bien que le groupe n’ait jamais officiellement splitté.
Rappelons que Prong est un grand nom de la scène métal indus proposant quelques touches de hardcore et de thrash, surtout au début de sa carrière, avec un côté groovy affirmé et un leader, Tommy Victor, chanteur et guitariste, très charismatique. La formation a sorti deux grands albums au milieu des années 90, Cleansing en 1994 et Rude Awakening en 1996, avec à la basse Paul Raven (malheureusement décédé en ce mois d'octobre 2007), le fidèle complice de l’époque de Victor. Après avoir délaissé son poulain jusque 2001, Victor le reforme avec un nouveau line up tout en continuant à participer à divers groupes. Il est membre de Ministry depuis 2006, et a collaboré à l’écriture des deux derniers albums du groupe, Rio Grande Blood et The Last Sucker, où il a retrouvé Paul Raven. Il est également membre de Danzig depuis 2004.
Prong apparaît presque comme une récréation pour Tommy Victor, tel un projet parallèle ressorti de temps à autre. Scorpio Rising avait été au départ assez fraîchement accueilli avant d’être assez bien accepté par les fans, même si le disque est clairement un cran en dessous des ses prédécesseurs. Avec Power Of The Damager, Prong fait face à un défi : il doit prouver qu’il est encore un vrai groupe et surtout, musicalement, il faut qu’il se montre à la hauteur de sa carrière et de la concurrence, Ministry ou Killing Joke en tête. On signalera d’ailleurs que le groupe est à présent signé sur le groupe du leader de Ministry, Al Jourgensen, 13Th Planet. Et ce défi est en partie réussi.
Avec ce Power Of The Damager, Prong montre une face très hargneuse, laissant un peu de côté les samples pour faire place aux guitares et à des riffs bien heavy, voire même thrash, proche parfois d’un Slayer. Et les deux premiers titres très rentre dedans, "Looking For Them" et "No Justice", prouvent que le groupe a toujours ce son si caractéristique avec ce côté presque groovy qui fait la différence.
Mais après un départ tonitruant, le niveau baisse un peu en intensité avec l'impression d'un branchement du pilote automatique. On retrouve alors des titres plus banals, moins inspirés, comme "3rd Option" qui sonne comme une tentative maladroite pour se rapprocher du son scandinave avec un son assez étouffé peu agréable, ou encore "Pure Ether" qui se présente comme du très mauvais néo métal, sensation particulièrement due à la voix de Victor qu’on a connu plus inspiré.
Heureusement, l'ensemble s’améliore un peu avec un "Power Of The Damager" très efficace puis, après un ou deux titres vite oubliés, "Message Inside Of Me" et "Can’t Stop The Bleeding", plus indus dans l’esprit avec ses samples discrets mais efficaces, et un Victor plus à l’aise au chant, moins criard, plus mélodique et surtout un son un peu meilleur.
Prong signe donc là un album en demi-teinte plein de bonne volonté. Malgré les quatre années qui ont passé, il semblerait que ce disque ait été fait relativement rapidement et que Victor a laissé pas mal de bonnes idées chez Ministry. Il n’en reste pas moins que les bons côtés sont nombreux et que les fans du groupe y trouveront largement leur compte. Il est à espérer que la prochaine livraison - si il y a - du groupe confirmera ce retour en gommant les petites imperfections.