Il aura fallu attendre 15 ans à General Store pour pouvoir sortir son premier album, depuis sa formation en 1992. Et si l’on peut regretter une attente aussi longue pour un groupe aussi talentueux, il est possible de se consoler en se disant que cela valait le coup d’attendre. En effet, le groupe bordelais nous offre un condensé de ce qui ce fait de mieux en Southern Blues Rock. Entre les références aux leaders du genre et les apports personnels, difficile de trouver mieux cette année.
Les références principales peuvent être cherchées du côté de ZZ Top avec un 'Sleep In Bed' où Will Lester donne aussi bien dans les intonations vocales de Bill Gibbons que dans un son et un jeu de guitare digne du frontman des barbus texans. Autre influence, la touche Molly Hatchet est bien présente dans le dynamique boogie-blues-rock qu’est 'Singing On My Way'. Et que dire de la magnifique ballade bluesy 'Always By My Side' que Gary Moore ne renierait pas.
Cependant, s’il faut retenir une influence dominante, sans qu’elle soit étouffante pour autant, c’est bien celle de Gov’t Mule qui s’impose. Will Lester, qui se revendique comme un autodidacte, reconnaît volontiers qu’il n’est pas insensible aux prouesses de Warren Haynes, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il fait honneur à son illustre modèle. Il dégaine toujours la bonne note au bon moment grâce à des soli tout en émotion servis par une technique irréprochable. Aucune démonstration gratuite et stérile ne vient entacher cette performance toute en sensibilité.
Mais s’il est le centre incontournable du groupe, il serait injuste de limiter cette présentation au seul Will. En effet, la section rythmique est irréprochable et la performance de Bob Francks derrière son orgue Hammond vient renforcer la chaleur de la musique de General Store dont il est le dernier arrivant. Le seul petit point faible de cet album pourrait être mis sur le compte des chœurs rarement valorisés par la prise de son live que le groupe a souhaité privilégier. Ceci dit, cette technique permettant de magnifiques jam-sessions telles que celles de 'A Better World' ou de l’instrumental 'No Less No More', ce petit défaut est largement compensé par le bonheur que ces passages nous apportent.
Il serait donc fort dommage, voir parfaitement honteux, de ne pas donner sa chance à cet excellent album et de ne pas en profiter au passage pour faire le plein de ce mélange unique de southern-blues-boogie-rock ensoleillé et gorgé d’émotions.