Voici donc débarquer sur nos platines érodées par les décibels auxquels nous les soumettons, le second essai de ce groupe australien peu connu en nos contrées mais qui commence à éveiller quelque intérêt du côté des insulaires marsupiophiles.
« Element V » avait en 2004 déjà provoqué quelques vaguelettes dans le landerneau des anthropologues du genre, toujours sur le qui vive pour dénicher une nouvelle gâterie à offrir aux mélomaniaques. Oh, quelques critiques avaient bien pointé du doigt l’étrange mélange de genres proposé par le combo, mais s’étaient généralement accordés pour reconnaître que cet éclectisme ne nuisait pas forcément à la cohérence de l’ensemble.
Il est vrai, puisque disons le tout de go les potes à Skippy ont gardé cette caractéristique avec ce nouvel opus, que le style musical de VOYAGER est assez difficile à définir. En effet, peuvent être entendus, à l’écoute des 11 titres composant cet album, des sonorités parfois électro (les claviers), des vocaux mélodieux mais également à dose infinitésimale black (!), des élans progressifs, des passages symphoniques et des harmonies heavy mélodique… Allez ma p’tite dame, faites vot’marché !...
Daniel Estrin, le chanteur et tripoteur de clavier, est doté d’un organe vocal particulièrement agréable qui développe parfois une tessiture proche de celle de Morten Harket le chanteur de… A-Ah (j’en vois qui rigolent au fond !). Homéopathiquement (ça doit lui être conseillé par son ORL), il nous déstabilise avec quelques poussées gutturales venues de nulle part… Etonnant. Attention, elles ne sont vraiment qu’anecdotiques, mais la particularité méritait d’être notée.
Autre originalité du combo, un des deux gratteux est une gratteuse et elle est rousse (ici, c’est le coiffeur tendance des hard-rockeuses qui l’a conseillée… la quasi-constante chatoyante chez nos musiciennes c’est lui…).
« Higher existence » démarre sur un rythme guilleret, l’entame vocale est gutturale, mais ça ne dure pas, Estrin nous berce alors de son timbre si charmeur et nous ne tardons pas à sentir notre oreille titillée. Ce morceau, à la construction prog, est doté d’une mélodie accrocheuse, la batterie roule gaillardement et le clavier est teinté électro… Bigarrée la tendance je vous disais…
Avec « Deep weeds », qui nous est proposé ensuite, le fantôme de l’"Angra" d’antan sur ses titres calmes nous frôle de ses doigts éthérés. Commence à se dessiner dès ce second morceau une certitude : la voix du chanteur se positionne comme étant un atout majeur pour le groupe.
Celle-ci se confirme avec « Everwaiting » qui nous renvoie à un A-Ah musclé (j’entends les mêmes qui se marrent dans le couloir – oui, ils ont été virés).
Suit un court instrumental acoustique aux sonorités Angraesques, ci-devant : « Between the shits ».
« Sober » et sa mélodie (rythmique et vocale) ultra efficace déboule à sa suite. Celle-là, elle balance sévère. Bon sang cette voix !
Pas le temps de souffler nous avons, car « Cross the line » nous scotche direct sous le casque. Une vingtaine de mots balancés façon black pour l’entame, puis vous êtes balayés par des vagues mélodieuses diverses et incessantes pendant 5 minutes. Les vocaux, les chœurs, les claviers, les guitares, tous, à l’unisson, vous capturent dans un maelstrom échevelé. Beau.
Vous croyez vous en être sorti sans dégâts ? Ne bougez pas, la perle mélodieuse du squeud va vous pourfendre de ces flèches lumineuses. « Pulse » est une bombe, point barre. Les dix secondes finales limite Extrême (ils sont carrément barjots) étaient évitables, mais ce n’est pas grave.
Vous en voulez encore, pas de souci, ces gaillards ont de la réserve. Angra, ils aiment bien visiblement. « Falling » est très mélodieux, les brésiliens auraient apprécié son thème musical, comme le solo de gratte qui accouche d’une mélopée jubilatoire.
Débarque ensuite « What I need » qui flirte encore avec la bande à Harket, les claviers frisent parfois l’électro et la mélodie est enlevée.
La fin de l’œuvre est proche, et elle se prépare avec « One more time » et sa guitare sèche qu’accompagne la voix enchanteresse d’Estrin. Nous sommes ici coincés, avec ce morceau tranquille et fort agréable, entre devinez qui… Angra et A-Ah (ben si c’est possible !).
Puis, vient le temps d’inscrire sur cette table de la Loi éclectique la dernière offrande de ces australiens sacrément surprenants. « White shadow » est un morceau mélodico-prog -blacko-symphonico-heavy et ça, c’est assurément signé… VOYAGER !
Porter ce nom et choisir « UniVers » comme titre d’album quand on est capable de proposer une telle diversité musicale, ça ne peut pas être innocent. Ces mecs-là méritent toute votre attention.