Deux ans après un "Permanent Vacation" (1987) particulièrement inspiré et marquant le retour d’Aerosmith au panthéon du Hard US, le gang de Boston nous sert une véritable bombe à fragmentation. Une fois de plus, Tyler & Co. mettent le paquet avec Bruce Fairbairn à la production, Mike Fraser aux manettes et Jim Vallance et Desmond Child qui viennent donner un coup de main aux compositions. Et le résultat est à la hauteur des attentes grâce à une créativité libérée qui nous offre un album dynamique, raffiné et irrésistible.
En effet, même si l’on a souvent tendance à réduire Aerosmith à son couple explosif Tyler / Perry, cet album nous rappelle qu’il s’agit bien d’un quintet. La section rythmique est ici déchaînée et les grooves aventureux du discret Hamilton se disputent la palme de l’efficacité avec le jeu enflammé d’un Joey Kramer. Chaque titre bénéficie d’attentions particulières, aussi bien au niveau de l’habillage sonore que des thèmes abordés, le plus souvent avec humour. Les intro de 'Love In An Elevator', 'The Other Side' ou 'Voodoo Medecine Man' en sont les parfaites démonstrations, ainsi que l’enchaînement destructeur entre 'Young Lus' et 'F.I.N.E.' ou encore le très rock’n’roll 'My Girl'.
'Janie’s Got A Gun' et sa structure à tiroirs, l’incontournable blues 'Don’t Get Mad, Get Even' et la superbe ballade 'What It Takes' sont les seuls instants permettant de reprendre son souffle. Revenus des enfers de l’addiction, Steven Tyler et Joe Perry nous font partager une joie de vivre retrouvée et communicative à travers ces 10 titres irrésistibles (11 si l’on compte le délire country-folk caché en fin d’album) pour un plaisir intense frisant la perfection. En effet, il est difficile, voir impossible, de ressortir un titre parmi les différentes perles qui compose cet album et appuyer sur la touche stop relève de l’effort surhumain une fois l’album lancé.