Road to ruin est le fruit du travail de deux expatriés de Lion's Share, Lars Chriss et Sampo Axelsson ( respectivement guitariste et bassiste du groupe ) désireux d'axer leur collaboration autour d'un projet plus rock que métal et délibérement influencé par les groupes en vogue dans les "seventies".
Vu le contexte, on peut se demander si le nom choisi pour ce projet n'est pas un clin d'oeil au "Road to ruin" des Ramones, quatrième album des légendes du punk qui marqua un changement de cap dans leur discographie. ( moins punk, plus pop ).
Car en effet l'ambition des musiciens était d'opérer un retour aux sources du hard rock en laissant de côté toute sophistication Fm et en privilégiant des sonorités plus "classiques". De ce point de vue, le pari est réussi. On est loin du métal mélodique de Lion's share et la production, bien qu'actuelle, nous ramène quelques années en arrière. Le chant de Matti Alfonzetti ( qui au passage a déjà commencé une carrière solo ) s'accorde avec le style, n'usant d'aucun effet de voix inutile et restant sobre sans tomber dans la monotonie. C'est également le cas des autres musiciens qui utilisent leur instrument avec professionnalisme et ne font preuve de technique qu'avec parcimonie. Pour ce qui est de la mise en scène, tout est carré.
Mais à trop vouloir sonner vintage le projet a peut être perdu en cours de route ces soupçons d'originalité, de mélodie et de feeling qui font d'une chanson rock un moment intense et privilégié.
Le premier titre de l'album "the only one" est une belle promesse pour la suite. Une intro au clavier bien orchestrée, un riff qui fait hocher la tête et un refrain assez accrocheur, bref, tout ce qu'on aimait et aime entendre encore aujourd'hui. Mais ensuite, à part l'excellente, courte et impulsive "walk the line" qui évoque les meilleurs moments de whitesnake ou de rainbow, et la structure de "Crawling" (son break, son soli, son refrain un poil au dessus de la moyenne), le reste de l'album sombre dans la monotonie, le manque de pêche et surtout les refrains peu accrocheurs. Les solos de guitare, pourtant techniquement irréprochables manquent souvent d'harmonie et la rythmique de certains titres ( "pale rider", "pleasure and pain" et "for your soul") est redondante pour ne pas dire lancinante.
Cependant Road to ruin sonne bien 70's, et c'était là la seule prétention de ses initiateurs. L'objectif est atteint, et aussi inégal soit-il, cet album mérite qu'on s'attarde sur deux ou trois titres. Un peu plus de vigueur et de mélodies, et le prochain sera parfait.