Groupe champenois formé en 2004 sous la houlette du batteur Sebastien Benoit, Tucker se voit rejoint en 2005 par un certain Greg Paturet au chant. Les plus perspicaces d’entre vous auront fait le rapprochement avec un groupe de la même région, Fifty One’s, malheureusement inactif depuis son dernier album Zone51 en 2004. Ce groupe avait enchanté les oreilles de quelques mélomanes avertis en 2002 avec un Mind Game superbement réussi. Et même si c’est l’ancien guitariste de feu Fifty One’s, Fred Rochette, qui s’occupe de la production de ce disque, ce n’est pas de power métal progressif dont il s’agit avec Tucker. Car cet album diffère, autant dans la forme que dans le fond. Blacktown se veut chantre d’un hard rock bien vintage et bien gouleyant. Et si Fifty One’s proposait une production et un son très moderne et avant-gardiste, Tucker verse dans le rétro et l’instinctif avec une touche de modernité.
Les vingt deux minutes de ce court album sont un condensé de puissance et de spontanéité. Les trois premiers titres (« Blockbuster », « Doogy » et « Good Ol’Jack ») nous ramènent quelques années en arrière, quand le hard rock inondait les ondes et quartiers et se vivait sans compromis, parfois jusqu’à l’extrême. Dom Lambert, le guitariste, trouve les bons riffs au bon moment et use d’un son très abrasif. Ses solos sont très puissants et s’inscrivent dans la même tradition que les groupes ayant donné ses lettres de noblesse à cette musique, c’est-à-dire par l'utilisation principale de la gamme pentatonique (« Blacktown »). Mais l’essentiel n’est pas là. Ca groove, ça balance et c’est tout ce qui compte. Greg Paturet n’a jamais aussi bien porté son surnom de « Scream ». Son chant diffère fondamentalement de Fifty One’s avec une orientation classic rock du meilleur effet (« Twenty Percent »). Il va même chatouiller cette vieille chauve souris d’Ozzy Osbourne sur « No Tears, No Fears ».
L’ambition de ce groupe est clairement affichée : se faire plaisir et donner du plaisir. Tucker n’invente rien avec cet album mais perpétue avec talent une certaine culture du riff et du groupe de rock’n roll (ce qui est plutôt laudatif) comme on se l’imagine. Car Tucker est avant tout un groupe de scène, qui s’épanouit totalement sur les planches et d’où il tire une énergie communicative qui est parfaitement restituée sur cette galette. On tape du pieds de la première à la dernière note, et la touche Repeat de votre lecteur n’aura jamais autant fonctionné qu’avec Blacktown et ses 22 minutes de headbanging.
Amateurs de bons vieux riffs, fans de Motorhead, AC/DC ou Rose Tatoo, vous allez vous régaler avec Blacktown. Et pour achever de convaincre les plus sceptiques d’entre vous, je suis la preuve vivante du pouvoir de Tucker sur l’homo progressius car bien que je ne sois pas foncièrement amateur de hard-rock old school, cet album m’a littéralement botté les fesses, et le pire c’est que j’en redemande. Tucker Rules !!!!