C'est trois ans après sa formation, qu'Alkimya, originaire du Sud-Ouest de la France, nous propose son album "The Other Side". La tâche n'était pourtant pas aisée car le groupe a dû faire face au tout début de l'enregistrement au décès de son chanteur Jérôme Semmartin. Et même si le vocaliste originel se retrouve sur "Elixir", dernier titre de l'album, c'est bien le chant du nouveau venu Pierre Placines qui sera présent sur le reste de "The Other Side".
L'aventure "Alkimya" continuera donc, tout comme son métal progressif aux influences diverses. La plus évidente serait sans doute "Dream Theater", mais s'entendent également les affectations pour des groupes tels que "Queensrÿche", "Yes", "Queen" voire une certaine analogie avec "Riverside". Au niveau du chant en anglais, les pensées vont plutôt vers Robert Plant, et ce sera d'autant plus vrai sur la reprise de "Kashmir" en fin d'album légèrement plus musclée que l'original.
Ce qui marque d'emblée et en premier lieu à l'écoute de cet album, c'est la richesse musicale, le fait qu' "Alkimya" ait décidé de mettre les petits plats dans les grands. La comparaison avec "Dream Theater" prend ici toute son importance car malgré une différence notable - bien que jamais pénalisante – au niveau de la technique de jeu, l'ensemble fourmille d'idées du début à la fin, et les titres ancrés dans un métal progressif ("Fatal Attraction", "Forgotten People") alternent avec un rock lui aussi bien alambiqué ("Martyr Child", la trilogie "The Other Side", "Diva's Requiem" et son final très théâtral au sens queenien du terme). A ce niveau, une interrogation quant à la véritable identité musicale du groupe peut être soulevée car le registre dans lequel évolue "Alkimya" est très proche de celui des groupes cités plus haut. Tous les plans semblent en effet largement – quoiqu' effectués soigneusement - extraits du répertoire de leurs aînés (en années de carrière). Mais à vrai dire qu'importe puisque manifestement les diverses influences ont été largement digérées et sont ainsi arrangées de manière judicieuse, s'emboîtant logiquement jusqu'à créer un ensemble dépourvu de longueurs et d'ennuis.
Le second point fort d '"Alkimya" réside dans la qualité du jeu des musiciens (une petite réserve toutefois concernant le batteur qui paraît régulièrement être en décalage sur le rythme) et dans l'interprétation faite par Pierre Placines qui sait parfaitement moduler sa voix suivant l'intensité du morceau.
"Alkimya" signe donc ici un album d'une cohérence et d'une musicalité impressionnante pour un premier effort. Il représente également l'archétype du groupe intelligent qui, sans se départir de l'écrasante influence de ses homologues, a su savamment puiser l'essence de genres pour mieux se l'approprier dans leur musique. Peu de formations peuvent se targuer d'avoir composé dès leur premier album avec une telle aisance.