Steve Grimmett Band est une formation anglaise dont le membre fondateur et chanteur débuta sa carrière dans les années 80. Tout d’abord avec Chateaux (album Chains And Desperate datant de 1982), puis Grim Reaper, un pilier de la célèbre NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal, faut-il encore le rappeler), qui a sorti trois disques entre 1984 et 1987, dont le mémorable «See You In hell». Cette galette est digne de figurer dans la discographie de tout amateur de hard rock qui se respecte. Après un bref passage chez Onslaught (en 1989), Steve Grimmett rejoint Lionsheart, formation avec laquelle il sort 5 albums entre 1992 et 2004. Il est intéressant de noter que ce groupe connut un relatif succès au pays du soleil levant.
«Personal Crisis» s’annonce donc comme un nouvel album, conçu par des musiciens expérimentés, car le chanteur s’est adjoint le concours du guitariste Ian Nash, transfuge de Lionsheart, ainsi qu’une section rythmique formée par le bassiste Richard Walker et le batteur Pete Newdeck, qui ont participé à plusieurs projets, notamment Deadly Sins (en collaboration avec Steve Grimmett lui-même) et Paul Dianno’s Killer.
C’est par conséquent très bien entouré que Steve Grimmett entre dans le vif du sujet. «Karma» ouvre l’album, s’engouffrant dans un style rapide et mélodique qui repose sur des accords d’une précision chirurgicale. Le guitariste est manifestement en pleine forme, ce qui lui permet de faire virevolter les notes de son solo à la manière d’un célèbre six-cordiste suédois particulièrement prolixe lorsqu’il s’agit de faire parler son instrument de prédilection. La voix du frontman n’a rien perdu de sa vigueur, et le timbre particulier qui le caractérise gagne même en maturité. Sur le plan rythmique, le tandem fonctionne à merveille. D’ailleurs, la présence aux manettes d’un certain Dennis Ward (Pink Cream 69) semble donner des ailes à la formation, car le son est tout simplement colossal.
Ce constat laisse entrevoir une suite des plus réjouissante, et Steve Grimmett Band se conforte dans cette direction, car les titres proposés ne faiblissent pas. Comme en témoigne «Wait For Ever», à la construction plus classique mais néanmoins très efficace ou encore «Afterglow», regorgeant d’énergie et ponctué d’interventions néo-classiques dignes des maîtres du genre. Mais le groupe ne se contente pas d’uniformiser son univers autour de morceaux rapides, si performants soient-ils. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter «Lonely», titre lourd qui débute sur quelques notes de piano avant de s’imposer dans un climat plus complexe toujours éclairé par les soli haut en couleur de Ian Nash. Même la reprise «Wrath Of The Ripper», composée à l’époque par Grim Reaper et issue de l’album «See You In hell», montre que le quatuor sait s’y prendre pour insuffler à ce morceau une certaine jeunesse que la plénitude n’a pas complètement tarie.
«Personal Crisis» peut se percevoir comme l’album de la renaissance pour Steve Grimmett et sa bande. Même si son contenu ne bouleverse en rien les règles établies, il s’en dégage une force et une conviction bien présentes soulevées par la maîtrise des musiciens. Cet album peut figurer en bonne place chez quiconque cherchant à se faire une idée sur la santé du power métal mélodique «Made In England». En effet, l’intérêt que suscite au départ cette production ne s’effiloche pas après plusieurs écoutes.
Ce combo peut d’ores et déjà se réjouir d’avoir remis sur les rails un «British Steel» flamboyant et sans concession, et par la même redonner ses lettres de noblesses à ce courant qui a influencé tant de groupes depuis de nombreuses années.